Que faire de nos faiblesses ? En tant que dirigeant, que faire des faiblesses de nos collaborateurs ?
A l’école, au boulot, nos professeurs, nos supérieurs ont souvent voulu nous mettre dans des moules : tout ce qui dépasse était vu comme une faiblesse et était donc à rejeter. Le problème, ce n’est pas ce qui dépasse du moule, le problème c’est le moule.
Si je changeais mon regard et mon approche, ces faiblesses pourraient-elles devenir des richesses ? Toutes nos caractéristiques sont à la fois des faiblesses et des forces, tout dépend de ce que j’en fais. Si je suis grand, cela peut-être un avantage pour jouer au basket, mais si mon boss me met à la spéléo, cela risque d’être plus difficile pour moi. Si j’aime parler tout le temps avec les autres, les écouter et les aider, je vais probablement être excellent dans un service d’aide pour les clients et vraiment médiocre si on me demande de faire de la recherche isolé dans un des labos de l’entreprise.
« Beaucoup de personnes très talentueuses, brillantes, innovantes sont convaincues qu’elles sont nulles parce que leurs points forts n’ont pas été valorisés à l’école, mais furent au contraire stigmatisés. »
Sir Ken Robinson
Changer de regard
Il y tant de personnes qui se voient comme quelconque à cause de ce regard porté sur elles pendant toute leur jeunesse ou même encore aujourd’hui, un regard polarisé, aveugle. Ces personnes sont brillantes, leurs richesses ne demandent qu’à être distribuées, mais au contraire, elles restent enfouies. En tant que dirigeant, nous avons une position idéale pour permettre à ces talents d’émerger, si notre regard à nous n’est justement pas polarisé, mais au contraire, ouvert à toutes les couleurs.
Une première approche consiste à adopter un regard positif, à savoir ne regarder que les points forts de ceux qui m’entourent (voir l’article
“La réussite est dans les forces de vos collaborateurs, pas dans leurs faiblesses”). C’est un exercice qui donne d’excellents résultats et permet à ceux sur qui ce regard est posé de donner le meilleur d’eux-mêmes et de continuer à se développer en harmonie avec ce qu’ils sont. Personnellement, c’est ce que je fais et je constate que dans la majorité des cas cette approche me convient. Il reste cependant ces défauts qui semblent se dresser devant nous et nous empêchent de voir au-delà ou en tous les cas, troublent notre vue. La première personne sur laquelle il nous est difficile de poser ce regard positif, c’est souvent nous-mêmes. Nous avons régulièrement l’impression d’être limités voir bloqués par ce que nous appelons nos faiblesses. Plutôt que d’essayer de fermer les yeux, d’ignorer, ce qui, précisément, nous saute aux yeux, je vous invite à changer d’approche : au lieu de voir ces faiblesses (les vôtres ou celles de vos collaborateurs) comme des limites, regardons-les comme des points de départ.
« Chaque limite est un début autant qu’une fin »
George Eliot
Si je prends la tour de Pise, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle présente un « petit » défaut, une certaine faiblesse. Dans les années 30, Mussolini a chargé une équipe d’ingénieurs de redresser la tour car elle donnait une image de son pays qui ne correspondait pas à sa vision. Heureusement, ils ont échoué, de sorte qu’aujourd’hui encore, la tour est une des attractions préférées des touristes. Ce qui fait son succès et ce qui a apporté la richesse à toute la région, c’est le fait qu’elle soit penchée. Son « petit » défaut est sans nulle doute sa plus grande force.
Que serait le monde sans les dyslexiques ?
A l’école, la dyslexie est vue comme une difficulté majeure. Le moule dans lequel notre système éducatif veut faire entrer les jeunes, n’est pas adapté aux dyslexiques. La dyslexie est-elle pour autant une faiblesse, un problème ? Oui, si je considère que l’objectif est de rentrer dans le moule. Par contre, si mon objectif est de réussir ma vie, la dyslexie semble plutôt être un atout. Il suffit de parcourir la liste de célébrités touchées par la dyslexie : Ingvar Kamprad (Ikea), Richard Branson (Virgin), Steve Jobs (Apple), John Chambers (CISCO), Bill Gates (Microsoft) sans oublier Winston Churchill, Gustave Flaubert, Steven Speilberg ou encore Albert Einstein, Jules Verne, Léonard de Vinci, Mozart, John F. Kennedy, Copernic, Thomas Edison et bien d’autres. Ainsi, en Angleterre, alors que la dyslexie ne touche que 4% de la population, 20% des chefs d’entreprise ont été diagnostiqués comme présentant ce « trouble ». Aux Etats-Unis, même constat : 10% de la population serait dyslexique, parmi les millionnaires américains ils sont 50% et parmi les entrepreneurs 35%. (source : https://www.letemps.ch/economie/genie-handicap-se-tutoient-tete-entreprises).
A voir ces statistiques, c’est une chance d’être dyslexique, c’est une force et non pas une faiblesse. Pourquoi pas un traitement pour devenir dyslexique… ? Ce qui est vu comme faiblesse, est souvent simplement une autre façon d’aborder les choses, non conventionnelle, non conforme à l’éducation, à la culture, aux habitudes. A nous d’y détecter la richesse, la beauté, le levier.
« Ce qui nous rend bizarre, nous rend aussi extraordinaire, ce qui nous rend faible, nous rend aussi fort. »
David Rendall
Là où il y a des sommets, il y a des vallées
Les personnalités fortes ont toujours de grandes faiblesses : là où il y a des sommets, il y a des vallées. Si je supprime la vallée, il n’y a plus de sommet. Si je supprime les désavantages, les avantages disparaissent. Je ne peux avoir mes forces sans mes faiblesses. Je reçois pleinement qui je suis. Je m’aime comme je suis et non pas l’image à laquelle certains voudraient que je me conforme. Cet amour de celui que je suis vraiment me permettra de donner le meilleur de moi-même comme l’amour des autres leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes. Aimer quelqu’un, ce n’est pas le vouloir conforme au moule de la perfection, du bonheur, de la réussite que j’ai en tête, c’est au contraire, le recevoir tel qu’il est, sans vouloir changer la position d’un seul de ses cheveux, tel qu’il est.
N’essayons donc pas de rentrer dans un moule et ne tentons pas non plus d’y faire rentrer nos proches, nos collaborateurs.
« Don’t try to fit in, find the right fit.”
David Rendall
N’essayez pas de changer qui vous êtes, trouver l’environnent, le terreau qui vous permettra de vous développer. Devenez un pro de votre différence, c’est elle dont le monde a besoin. En tant que dirigeant, soyez cette personne qui révèle à ceux qui l’entourent ce qu’ils ont d’extraordinaire et pour cela, allez voir du côté de leurs faiblesses.
« Nous réussissons grâce à nos faiblesses et non pas malgré elles. »
David Rendall
L’outil pour aller plus loin : à la découverte des sommets
Identifiez vos collaborateurs qui vous paraissent les plus faibles et ceux qui vous tapent le plus sur le système. Vous connaissez leurs vallées, elles sont profondes à vos yeux, partez maintenant à la découverte de leurs sommets. Rendez leurs faiblesses hors de propos et mettez-les dans une situation d’où leurs sommets pourront apparaître pour le plus grand bien de votre entreprise.
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Que votre vie soit belle,
Pierre
Des liens pour aller plus loin
- David Rendall, auteur de « The Freak Factor », explique avec beaucoup d’humour comment découvrir nos points forts en exhibant nos faiblesses. Cliquez sur ce lien pour accéder à la vidéo. (anglais, 33min)
- « Dyslexiques célèbres : belle liste ». Article reprenant une liste impressionnante de dyslexiques connus.
- Séminaire Cap sur ma Vie, trois jours pour trouver la mine d’or qui vous habite.
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