Si je vous propose l’angoisse ou la joie, que choisissez-vous ?
Drôle de question…
Depuis ce 20 janvier dernier, je rencontre de plus en plus de personnes angoissées au point que je me suis demandé si la joie qui m’habite (souvent, pas toujours) est celle de l’innocent naïf et un peu idiot.
L’angoisse, une émotion vieille comme le monde
De tout temps des personnes ont ressenti de l’angoisse, cette peur répétée qui nous présente l’issue fatale comme inexorable… J’ai l’impression de foncer droit dans le mur, impossible de m’arrêter, je ne vais pas m’en sortir…
Nous connaissons toutes et tous des personnes angoissées. La vie est vécue comme une suite de menaces, le tunnel est sans fin, pas de lumière à l’horizon.
De la joie à l’angoisse
Ces derniers temps, un nouveau type d’angoissé est apparu. Il ne s’agit plus de femmes et d’hommes angoissés suite aux blessures de la vie, mais bien de personnes qui, à mes yeux, étaient rayonnantes, positives et joyeuses, des personnes qui sentaient bon la vie, des personnes engagées. Depuis quelques mois, plus parfois, leur joie a tendance à disparaitre pour faire place à l’anxiété.
Tant qu’il y a de l’espoir, la joie a toute sa place. Mais quand cet espoir disparait, quand les nouvelles distillées jour après jour des 4 coins du monde rognent inexorablement toute possibilité raisonnable d’un avenir agréable, la joie devient indécente, comme un éclat de rire au chevet d’un mourant.
« Je n’arrive plus à écouter les nouvelles »
« J’ai des crampes au ventre à chaque fois que j’ouvre mon journal. »
« Nous sommes foutus »
« Ils sont fous ! »
« Les jeunes ne veulent plus d’enfants »
Ce ne sont que quelques phrases qui s’échangent de plus en plus souvent et manifestent cette angoisse.
Récemment, je suis tombé sur cette citation qui exprime bien la situation :
« Le futur n’est plus ce qu’il était »
Étienne Klein

Une nouvelle épidémie
Un symptôme fort de cette nouvelle épidémie, c’est l’éco-anxiété. Au début, les climato-septiques étaient nombreux, mais petit à petit, les consciences se sont ouvertes pour se joindre à l’évidence scientifique. Beaucoup ont pensé que l’humanité, forte de cette prise de conscience, allait enfin prendre son avenir en main et renverser la vapeur en prenant soin de notre « maison commune ».
Mais non… La soif du pouvoir et de l’avoir ont une fois de plus pris le dessus. Le vote populaire s’est orienté vers celles et ceux qui estiment que la croissance du PIB, la richesse, le confort à court terme sont les priorités. Comme nous sommes nombreux à avoir une tendance à la procrastination, c’est-à-dire à repousser à plus tard ce qui nous parait difficile ou inconfortable en choisissant la facilité et le plaisir immédiat, la machine infernale poursuit sa route, insouciante, inconsciente, violente.
L’éclosion des guerres toujours aussi absurdes et destructrices et l’apparition de politiques à l’ego démesuré, de plus en plus décomplexés dans leurs extrémismes et leurs mensonges ont fait le reste.
L’angoisse peut s’installer et se répandre. Car elle est hautement contagieuse, elle se transmet par la parole, par le regard, par la posture, par l’indifférence, par le silence aussi. Les médecins nous avaient annoncé une ère d’épidémies de plus en plus fréquentes. Voici l’épidémie de l’anxiovirus.
Un vaccin ?
Pas sûr que cette fois ci quelqu’un trouvera un vaccin.
Pour se protéger du virus beaucoup semblent avoir opté pour l’aveuglement ou la désensibilisation : si l’avenir s’obscurcit, regardons nos pieds, si le ciel est sombre, « don’t look up ».
D’autres pratiquent la fuite en avant : plutôt que d’essayer de résoudre un problème insoluble, continuons comme avant et toujours plus vite. Cela nous occupera l’esprit. Surtout continuons à tourner dans nos vieilles roues comme des hamsters surexcités.
D’autres enfin s’anesthésient aux réseaux sociaux, à la drogue, l’alcool, le sexe…
De l’espoir à l’espérance
Et moi, suis-je aussi sous anesthésie ?
Comment se fait-il que la joie continue de m’habiter ?
Je n’ai plus beaucoup d’espoir de pouvoir garder à l’avenir le confort de vie que je connais depuis ma naissance. Je fais partie de ces privilégiés qui n’ont manqué de rien. En écrivant ces mots, je me sens comme indécent face aux misères omniprésentes de Bruxelles à Gaza en passant par les Etats Unis, la Russie, l’Ukraine, la RDC, le Proche-Orient… Toujours plus de laissés pour compte et de morts.
J’ai parfois l’impression de vivre l’automne de notre civilisation, quand il est évident que le voile de l’hiver va enfouir tout signe de vie.

Non, je n’ai plus beaucoup d’espoir.
Par contre j’ai l’espérance.
Enfouie en moi, j’ai cette conviction que la vie sera la plus forte, que l’amour aura le dernier mot sur les choix de mort actuels.
L’espoir, c’est quand je vois un chemin possible pour en sortir, je vois une lueur au bout du tunnel.
L’espérance, une lumière intérieure
L’espérance, c’est quand cette lueur a disparu, que le chemin s’est arrêté et que la lumière qui m’éclaire et me donne de la chaleur est en moi, inexplicable, mais bien présente. L’espérance est de l’ordre de la foi.
Michel Maxime Egger explique cela bien mieux que moi dans la préface qu’il a écrite pour « L’espérance en mouvement », un livre co-écrit par Joanna Macy et Chris Johnstone (éditions Labor et Fides, p17) :
« L’espoir est ce qui est attendu de l’extérieur : un évènement, une personne, une intervention divine. L’espérance, en revanche, viens de l’intérieur. Elle jaillit du cœur profond, telle une aspiration à accomplir le non-encore-accompli de l’être, un élan pour faire advenir le non-encore-advenu de l’histoire. L’espérance est en cela intimement liée au processus de la personne qui grandit en humanité et réalise son potentiel, cosmique, humain et divin. »
Nous avons besoin de leaders d’espérance
Alors oui, si vous n’avez plus beaucoup d’espoir, cultivez votre espérance, retrouvez cette lumière de vie en vous. Elle est source de joie. Elle voit le printemps invisible, au-delà de l’angoisse de l’hiver.
Nous avons besoins de leaders d’espérance, des personnes inspirantes qui rayonnent de cette espérance et aident chacune et chacun à traverser ensemble l’hiver. J’ai souvent entendu que des hivers rigoureux sont bénéfiques, car ils éliminent les parasites et purifient le sol. Cet hiver qui s’annonce nous invite à choisir la vie en retrouvant ce qui fait notre humanité quand elle rayonne : l’amour, le beau, le bon, le vrai.
Comme le dit Salvatore Iannello, CEO de Galler, nous avons construit un monde sur base de rapports de forces : la compétitivité, la concurrence, les comparaisons, les évaluations, le jugement… Ces rapports de forces nous les ressentons en nous, au sein de nos familles, dans nos pays, entre nos pays et nos continents, avec notre planète aussi. Pour retourner à la vie, nous sommes invités à changer de paradigme en passant du rapport de forces à la convergence d’intérêts.
Les leaders dont nous avons besoin seront profondément non-violents : ils défendront toutes les vies, pas uniquement celles de leur communauté. Ils seront serviteurs du vivant.
De l’angoisse à la gratitude
Pour sortir de l’angoisse et retrouver la joie, je vous invite à commencer par cultiver la gratitude. C’est peut-être elle, le vaccin. La gratitude pour tout ce qui nous est donné, la vie, les autres, la nature… Cette gratitude sera comme un compost, une bonne terre pour qu’émerge du cœur de chacun ce qu’il a à partager et à offrir pour faire de notre monde un endroit où chacun puisse trouver sa place, où chacun puisse être soi et offrir à son tour le cadeau unique qu’il est.
Entrez dans la joie de l’espérance.
Pierre
Pour aller plus loin :
- Pour découvrir cette lumière en vous et l’offrir pour la construction d’un monde meilleur, offrez-vous Cap sur ma Vie, trois jours intenses, un voyage au cœur de vous-même.
- Du stress à la sérénité : une nouvelle expérience du temps, une session de 2 jours pour transformer votre relation au temps… Relevez-vous le défi ? Trois sessions en avril, juin et août 2025.
- « L’espérance en mouvement », un livre co-écrit par Joanna Macy et Chris Johnstone (éditions Labor et Fides).
Photos : André W Leinster, Joey Velasquez, pics Kartub.
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