Comment gérer les émotions dans mon entreprise

par | 9 Mai 2017 | Développement personnel, Gestion d'équipe | 1 commentaire

En tant que patron ou manager, comment gérez-vous les émotions dans vos équipes ? D’abord les vôtres et ensuite celles de vos collaborateurs ? Faites-vous partie de ceux qui considèrent que les émotions n’ont pas leur place dans le monde professionnel, qu’un vrai pro ne laisse pas ses émotions l’influencer et encore moins se manifester ?

Peut-être êtes-vous de ceux qui sont gênés par l’expression des émotions et ne savent pas comment réagir. Si c’est le cas, vous n’avez pas à rougir, car la majorité des patrons et des managers sont dans ce cas. Comment en serait-il autrement : combien d’heures de cours ont été consacrées à ce sujet pendant toute notre formation ? Pour la majorité d’entre nous, c’est zéro. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas trop tard pour rattraper le temps perdu.

Ignorer les émotions, c’est comme ignorer une douleur physique

Imaginez que vous avez mal aux dents et qu’au lieu de prendre rendez-vous chez votre dentiste vous ignorez ce signal. La douleur devient de plus en plus en plus forte. Ce qui n’était au début qu’une simple petite carie s’est transformé en abcès. Il est encore temps de réagir… Au lieu de cela vous continuez à faire comme s’il n’y avait aucun problème : l’abcès poursuit son travail et infecte toute votre mâchoire. Vous risquez une septicémie et finalement la mort.

Les émotions sont à notre météo interne ce que la douleur est à notre corps. Elles sont des signaux, des messages qui nous parlent de nos besoins. Chaque émotion désagréable me dit qu’il y a quelque chose qui demande mon attention, que j’ai un besoin non satisfait. Si j’ignore le message, l’émotion revient de plus en plus forte comme la douleur pour la dent. Si je continue à ne rien faire, mon corps va prendre le relais : maux de tête, mal au dos, problème de sommeil, indigestion et bien plus.

Les émotions sont des cadeaux ! Ce sont des messagers qui nous veulent du bien

Ignorer ou ne pas gérer les émotions en milieu professionnel cause de graves préjudices à votre entreprise.

Alors que faire ? C’est vrai qu’à l’école nous avons passé environ 2000 heures à apprendre à lire et à écrire et pas une seule à comprendre ce que c’est qu’une émotion et ce que je peux en faire. Voici en quelques mots, les bases.

La Joie

Quand nous sommes dans la joie, nous sommes au bon endroit. Notre GPS intérieur nous dit de continuer tout droit. Ce que nous vivons nous convient. La joie nous dit que nos besoins au sens large et notre besoin de relation en particulier sont satisfaits.

Quand vous êtes dans la joie, gouttez là, profitez-en, mais pas seulement. Prenez aussi quelques secondes pour identifier ce qui vous donne cette joie, ce qui vous fait du bien. Ce que je fais dans la joie, je le fais bien, c’est là que ma contribution sera la plus importante. Identifiez cela me parle de ma mission de vie, de mon identité. Si vous identifiez chez vos collaborateurs ce qui leur donne de la joie au boulot et que par la suite vous leur confiez en priorité ces tâches-là, votre entreprise aura des collaborateurs motivés, très efficaces … et heureux.

La colère, la tristesse et la peur

Certains parlent d’émotions positives et négatives. J’insiste sur le fait qu’il n’y pas d’émotions négatives. Toute émotion est un message, donc un cadeau. Personnellement, je préfère parler d’émotions agréables (la joie et ses sœurs) et d’émotions désagréables. Il y a beaucoup d’émotions désagréables, mais la grande majorité d’entre elles est toujours une combinaison de trois émotions de base : la colère, la tristesse et la peur.

Donc, pour en faciliter la compréhension, ramenez toujours vos émotions désagréables à une ou plusieurs de ses trois émotions de base. La jalousie par exemple est un mélange des trois : la tristesse de perdre une relation, la colère de se sentir trompé, la peur de ne pas savoir ce que je vais devenir sans cette relation.

Chaque émotion me parle de mes besoins

La peur

La peur est la messagère de trois besoins : la sécurité, la préparation et la clarté. Ces trois besoins ne sont pas présents à chaque fois tous ensemble. Prenons quelques exemples:

  • Besoin de sécurité : je suis en voiture avec mon fils de 18 ans qui vient d’avoir son permis. Il est au volant et conduit trop vite à mon goût : j’ai peur. Ma peur m’informe de mon besoin de sécurité.
  • Besoin de préparation : dans trois jours je dois faire une présentation devant le comité de direction de mon entreprise. Faute de temps, je n’ai encore rien préparé. Tous les jours, mon trouillomètre monte d’un cran : ma peur m’informe de mon besoin de préparer cette réunion.
  • Besoin de clarté : il est 18h, je vais quitter le bureau. Demain je commence par ma présentation au comité de direction. Je me suis super bien préparé, c’est un sujet que je connais bien. Je ne suis plus stressé comme je l’étais il y a trois jours, mais j’ai quand même encore peur. Ma peur me parle de mon besoin de clarté, car j’ignore comment ils vont accueillir ce que je vais présenter, s’ils vont apprécier mes idées, je ne connais pas les questions qu’ils vont me poser. Vais-je être capable d’y répondre ?

La tristesse

La tristesse me parle de mon besoin d’amour au sens large et dans ses trois composantes : être aimé, aimer l’autre et s’aimer soi-même. Dans le cadre professionnel, l’amour se décline sous la forme de bienveillance, d’amitié, de relations épanouissantes entre collègues…

La colère

La colère m’indique plusieurs besoins à satisfaire :

  • Le respect : je ne me respecte pas moi-même ou je ne me sens pas respecté par d’autres ;
  • La justice : j’ai un sentiment d’injustice par rapport à la situation vécue ;
  • La reconnaissance : ce que je fais, mon travail, tout ce que je donne de ma personne et de mon temps n’est pas reconnu et valorisé ;
  • La considération : je ne suis pas considéré pour ce que je suis.

Satisfaire ses besoins

Souvent, nous nous mettons en position de victime, nous nous lamentons sur notre sort, nous nous plaignons en espérant que d’autres viennent satisfaire nos besoins. Or, être adulte c’est aussi être responsable de ses propres besoins. Chacun est responsable de ses besoins. Je peux demander à quelqu’un de m’aider à satisfaire mes besoins, mais en finale c’est ma responsabilité d’y répondre.

En tant que manager

Si vous êtes responsable d’une équipe de collaborateurs, vos émotions et celles de vos collaborateurs sont donc des messages à traiter comme tout autre demande verbale ou écrite.

Occupez-vous d’abord de vos propres émotions. Ensuite aidez vos collaborateurs à prendre soin des leurs, à les écouter, à retrouver leurs besoins et à exprimer des demandes concrètes pour satisfaire leurs besoins. La CNV (Communication NonViolente ©) est un outil merveilleux pour ce faire (voir article sur la CNV : http://www.le-blog-des-leaders.com/communcation-nonviolente/). Par contre, si, en tant que manager, vous n’êtes pas ouvert aux émotions, vous travaillerez dans un environnement souvent violent, peu agréable et qui ne produira qu’une fraction de son potentiel.

Gérer ses émotions en 5 étapes

La méthode ci-dessous permet de gérer ses émotions en 5 étapes. Les 4 premières doivent se faire à chaud, c.à.d. au moment où l’émotion survient, la cinquième a parfois intérêt à se faire à froid, quand l’émotion est tout à fait passée.

Les étapes sont les suivantes :

  1. Observer. Quand je me rends compte que je suis pris par une émotion, je m’observe et je laisse venir, je n’interviens pas sur mon ressenti. J’observe ce qui se passe en moi, j’observe mon corps, mes battements de cœur, ma respiration, mes tensions, mes tremblements, mes larmes peut-être… Je ne mets surtout pas de couvercle sur mes émotions, je n’interviens pas. Je les accueille. N’oubliez pas : c’est un cadeau… Recevez ce cadeau, c’est un message.
  2. Identifier. Maintenant je vais identifier mes émotions : est-ce que c’est de la colère, de la haine, du dégoût, un sentiment d’injustice, un mélange de plusieurs émotions différentes… Je nomme mes émotions de la façon la plus précises possible. Au-delà de l’émotion de départ, je vais distinguer des émotions plus subtiles. Les émotions c’est comme les trains : une émotion peut en cacher une autre.
  3. Mesurer. La troisième étape consiste à mesurer l’intensité de l’émotion : sur une échelle de 0 à 10, ma colère, ma peur, ma tristesse est à 2, à 5, à 9, à 10 ? Est-elle forte ou vraiment superficielle. Quelle est l’importance de mon émotion : est-ce une brise légère ou un véritable ouragan en moi ?
  4. Respirer.  Vous allez simplement respirer profondément en contrôlant votre respiration et en vous redressant : rien que respirer va changer des choses en moi. Le fait de se redresser vous rend également de l’énergie. J’arrête de construire des scénarios, je respire, je m’arrête. Cela permet de désactiver le cerveau reptilien et d’activer le cortex préfrontal pour gérer les émotions.
  5. Satisfaire mes besoins. Vous avez identifié vos émotions, il vous reste maintenant à décrypter le message. A l’aide du tableau ci-dessous vous trouvez les besoins qui ne sont pas satisfaits et dont vous parlent vos émotions. Ensuite, pour chaque besoin identifié, trouvez une stratégie qui vous permettra d’y répondre. N’oubliez pas : il s’agit de votre responsabilité, pas celles de vos collègues, de votre patron, de votre conjoint… Vous pouvez leur demander de l’aide, mais ils ont le droit de refuser.
EmotionsBesoins
PeurSécurité, préparation, clarté
TristesseAmour, lien, relation
ColèreRespect, justice, reconnaissance, considération

Un livre pour aller plus loin : « La puissance des émotions »

Michelle LARIVEY (1944-2004) est une des grandes psychologues thérapeutes d’orientation humaniste. Tout au long de sa carrière, elle a mis l’accent sur la recherche clinique, la formation des psychothérapeutes et le développement de nouvelles formes d’intervention en psychologie.

La plupart des difficultés que nous éprouvons – angoisse, stress, dépression, colère – proviennent d’un dérèglement de notre vie émotionnelle. La négligeant, nous nous coupons d’une force et d’une intelligence indispensables au bien-être. Au lieu de chercher à faire disparaitre nos symptômes de mal-être, essayons de comprendre ce qui les conditionne et nous découvrirons alors une nouvelle liberté.

Une véritable méthode pour être en paix avec soi-même… et les autres.

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Que votre vie soit belle,

Pierre

Photos dans l’ordre d’apparition : Tuckett, Fernando Ribas, Bonny Jodwin.

1 Commentaire

  1. Bonjour,

    Je suis très professionnelle mais en situation où je ne me sens pas reconnue, valorisée ou écoutée, voire simplement très fatiguée et stressée, je panique et j’en viens aux larmes : je maitrise mal mes émotions au mauvais moment (séminaire ou réunion professionnelle). Cette attitude est très ponctuelle et n’entame en rien la qualité de mon travail mais intervient dans des moments très inoportuns.
    A l’attention des leaders et managers : est-ce que cela justifie un licenciement ? ou un non renouvellement de contrat ?
    j’entame un travail (TCC) sur ce problème récurrent et qui gêne la continuité sereine de ma carrière.

    Réponse

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L’auteur

Pierre de Lovinfosse

Pierre de Lovinfosse

Coaching individuel, de groupe et formations. Il s’est donné pour mission d’aider les dirigeants à mettre leur entreprise au service de l’humain : l’entreprise comme ressource pour l’humanité, plutôt que l’homme comme ressource pour l’entreprise. Il s’intéresse tout particulièrement à la problématique du leadership qui constitue son sujet principal de coaching et de formations. https://www.effatacoaching.com

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