Il existe de nombreuses écoles et formations en leadership. Vous avez probablement lu plusieurs livres sur le sujet et écouté diverses conférences d’experts dans le domaine tels que Simon Sinek, Gary Hamel, John Maxwell, Ken Blanchard et beaucoup d’autres. Avez-vous essayé l’école de Compostelle ? Dans cet article vous découvrirez 7 cadeaux pour les dirigeants glanés au long du chemin de Compostelle.
Je ne suis pas un randonneur, loin de là. Cependant, depuis quelques années j’avais cette envie en moi de me mettre en route sur les chemins de Compostelle. Finalement, en juin 2015, je me suis décidé à effectuer un premier tronçon de 200 km reliant la ville du Puy en Velay au sud de l’Auvergne à Conques. Depuis, chaque année je poursuis ma route en marchant une dizaine de jours. Il me faudra encore de nombreuses années pour arriver à destination (si j’y arrive), mais ce n’est pas cela qui est important. Au contraire. Ce qui compte c’est le chemin et quand je sais où je vais, je suis toujours dans la bonne direction. Dans cet article, je vais vous partager ce que j’ai appris à l’école du « chemin ».
1. Avoir un cap
Connaitre la direction a quelque chose de très énergisant, d’entrainant et de stabilisant. Même si la destination est encore très éloignée, improbable, de l’ordre du rêve peut-être et qu’au final je n’ai aucune certitude d’y arriver, porter cette destination en moi m’attire vers elle de façon inexorable. La destination me donne une direction. La destination a d’ailleurs moins d’importance que la direction. Avoir un cap me permet d’avancer, de retrouver le bon chemin lorsque je me suis perdu, d’évoluer chaque jour dans la bonne direction, ne fut-ce que de quelques pas.
Combien d’entreprises n’ont pas de cap ? Elles croient en avoir un en cherchant frénétiquement la direction des plus grands profits. Ce faisant, elles se perdent, tournent en rond et ne vont nulle part. Comment trouver le sens de la marche si je n’ai pas de sens ?
Et vous, quel est votre cap ? Quel est le cap de votre entreprise ? Quel est ce rêve qui anime et fédère ceux qui y travaillent ?
2. Partir léger
La première chose, mais cela tout le monde le sait, c’est de partir léger. Un sac de 8 kg maximum auquel il faut ajouter 2 litres d’eau pour la route.
Que faut-il prendre et que vais-je laisser ? Dans notre marche à la tête de nos entreprises, ne sommes-nous pas trop lourds de tous nos principes, nos croyances, nos préjugés ? N’avons-nous pas encombré notre sac de plans trop volumineux essayant de prévoir à chaque étape les obstacles, les bons restos, les logements, les magasins… Des plans qui prévoient tout comme si le chemin était figé avant que je n’y fasse le premier pas. Le chemin de nos entreprises n’est pas figé, il est à construire jour après jour. Que vais-je emporter dans mon sac pour le découvrir et le parcourir avec légèreté ? Personnellement j’y ai mis beaucoup de curiosité, de la créativité, de l’écoute, de l’émerveillement aussi et mes valeurs qui me serviront de boussole pour suivre mon cap.
Et vous, qu’avez-vous mis dans votre sac ?
3. Vous avez dit « objectifs » ?
Lorsque j’ai démarré ce chemin, j’ai commencé en marchant rapidement, comme je l’avais toujours fait dans ma vie. J’avais un objectif clair et précis : l’étape du soir, un nombre de km à avaler, un plan précis qui m’indiquait les dénivelés, les difficultés du jour, les endroits où m’arrêter, les curiosités que je devais regarder… J’étais habité par cette logique que je pratiquais depuis tant d’années : atteindre l’objectif le plus rapidement possible. Chaque matin je me mettais donc en route pour arriver à l’étape. Après quelques jours (5 exactement) à ce rythme soutenu, mes pieds m’ont lâché : 11 ampoules et une inflammation de la voûte plantaire. Chaque pas était un enfer. A la fin de ce cinquième jour, après une dernière journée de calvaire, j’arrive très péniblement à l’étape du soir et j’annonce à mes compagnons rencontrés sur le chemin que je ne repartirai pas le lendemain avec eux : mes « pneus » sont tous crevés. Le lendemain, alors que je restais seul, je me suis rendu dans la vieille église romane du village pour y rencontrer Celui que j’aime et faire le point. J’ai pris un peu de hauteur pour observer comment j’avais vécu ces 5 premières journées de marche. Dans le silence de cette vieille bâtisse de plus de 800 ans, le constat fut accablant. J’avais traversé des paysages extraordinaires que j’avais à peine regardés obsédé que j’étais d’arriver au plus tôt à l’étape : l’objectif du jour. J’avais croisé de nombreuses personnes en les saluant rapidement pour ne pas « perdre de temps », l’objectif d’abord. J’avais ignoré le bruissement du vent dans les arbres, le gazouillis des oiseaux, le murmure des ruisseaux … le chant de la nature qui m’était offert en continu. J’étais concentré sur l’objectif…
Ce jour-là j’ai compris que le seul moment pour être heureux c’est maintenant. Je peux me réjouir de quelque chose que je pense vivre ce soir, demain ou dans quelques jours (lorsque l’objectif sera atteint), mais ce futur n’arrivera peut-être pas. Je peux me rappeler de moments heureux que j’ai vécus dans le passé, mais ce n’est plus le bonheur, c’est de la nostalgie. Le seul moment pour être heureux c’est maintenant. Or sur ce chemin parcouru depuis 5 jours j’avais gaspillé tous ces « maintenant » pensant que le bonheur m’attendait à l’étape… J’ai compris ce jour-là que le bonheur c’était le chemin. L’art du bonheur c’est de goutter chaque pas, sous la pluie ou sous la canicule, goutter le moment présent, accueillir et percevoir toute sa saveur.
Je ne dis pas que l’objectif n’est pas important. Si je n’ai pas d’objectif, je ne mets pas en chemin et je ne peux donc pas le gouter.
Et vous, comment vivez-vous vos « maintenant » ?
4. Pas de concurrents
Au niveau business, des entreprises qui font la même chose que nous cela s’appelle des concurrents… Nous les observons avec méfiance, les copions parfois, essayons de les battre souvent, de les dépasser. Quand le sens de l’entreprise est le profit, c’est une réaction assez normale : j’essaye simplement d’avoir la plus grande part du gâteau. Même si ce n’est pas très altruiste, cela se comprend. Par contre, quand le sens de l’entreprise est un vrai sens, c.à.d. de l’ordre d’une contribution à la construction d’un monde meilleur, ce concurrent qui fait la même chose que moi est donc quelqu’un qui m’aide à remplir ma mission, il devient un associé.
Sur le chemin, nous avons tous le même cap : nous nous dirigeons vers Compostelle. Nous ne nous sentons pas concurrents, au contraire, nous sommes plutôt heureux de partager ce chemin et de nous entraider lorsque l’un ou l’autre est perdu ou en difficulté.
Le chemin nous apprend à voir ceux que nous rencontrons non pas comme hostiles, mais comme autant d’occasions de partage et de soutien.
Les vrais leaders n’ont pas de concurrents, ils sont habités par leur rêve et par le désir de le partager au plus grand nombre.
Et vous, êtes-vous guidés par la lutte contre vos concurrents ou par le rêve qui vous habite ?
5. S’arrêter pour retrouver son âme
Dans la vie comme dans nos entreprises nous avons tendance à oublier de nous arrêter. Je ne parle pas d’organiser une petite réunion de quelques heures pour faire le point, non, il s’agit de prendre le temps de s’arrêter, vraiment, s’arrêter au point d’entendre le silence nous habiter.
Le chemin en lui-même est une sorte d’arrêt dans nos vies souvent bruyantes et mouvementées. Marcher en silence pendant des heures permet de lâcher petit à petit tout ce qui nous encombre pour rejoindre notre âme, pour nous réunifier avec nous-mêmes, toucher à l’essentiel de la vie.
Voici une petite histoire vraie entendue ce dimanche matin à la radio : un sociologue est invité pour animer une conférence en Afrique. Après un voyage en avion, il traverse la forêt accompagné de porteurs. Comme ceux-ci s’arrêtent régulièrement, le sociologue, pressé d’arriver et énervé par cette perte de temps leur demande pourquoi ils s’arrêtent tout le temps. Les porteurs très étonnés par cette remarque, lui répondirent : « nous attendons notre âme ».
Le chemin nous apprend à retrouver le rythme de notre âme. Il nous unifie. Cette unité, nous sommes invités à la vivre également dans notre vie professionnelle.
Quand vous êtes-vous arrêté la dernière fois pour attendre votre âme ?
6. La patience
La marche à pieds, c’est l’école de la patience. Dans la vie quotidienne nous sommes habitués au « tout, tout de suite ». Sur le chemin, c’est un pas après l’autre, sans aller trop vite au risque de blesser nos précieux pieds… Vous l’avez compris, je suis plutôt du genre pressé. Le chemin m’éduque. Que le chemin soit droit, sinueux, plat ou fort pentu, confortable ou rocailleux, il s’agit simplement de faire un pas à la fois. Chaque pas est petit : 80 cm si la route est plate, 20 cm si ça se complique. La taille n’a pas d’importance, seul compte le pas dans la bonne direction. Ce qui m’a toujours frappé, c’est qu’au bout de la journée, à force de petits pas, la distance parcourue est grande.
Dans nos entreprises aussi, plutôt que de forcer la monture, essayons chaque jour de faire simplement quelques pas dans la bonne direction. Chaque jour. Rien ne sert de tirer sur la plante pour la faire pousser plus vite, au contraire, vous risqueriez de l’abimer, il faut simplement l’arroser un peu chaque jour.
Patience et persévérance nous mènent au bout du monde.
7. Célébrer, se soigner, préparer le départ du lendemain et se reposer
Chaque jour en arrivant à l’étape je vis le même rituel. D’abord célébrer en dégustant une bonne bière bien fraiche en partageant avec les compagnons du jour les difficultés, les découvertes, les joies de la journée. Ensuite prendre soin de soi, les pieds surtout. Préparer le départ du lendemain en faisant sa lessive, en étudiant les premiers pas à parcourir le lendemain et enfin se reposer.
C’est un peu ce que je fais également à chaque étape de ma vie professionnelle : célébrer l’étape franchie, prendre de la hauteur pour voir comment je l’ai vécue et en tirer tous les apprentissages, préparer le premier pas du lendemain et me reposer pour mieux repartir demain.
Et vous, que faites-vous lorsque vous arrivez à l’étape ? Quel est votre rituel ? Comment le vivez-vous avec vos équipes ?
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Que votre vie soit Belle,
Pierre
Photos : P de L.
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