Vous êtes plutôt Raison ou Intuition ?

par | 29 Mai 2023 | Décider, Développement personnel, Dynamique humaine | 0 commentaires

Qu’est-ce que l’intuition ? Comment fonctionne-t-elle ? Quand y recourir ? Toute personne peut-elle développer son intuition ? Si oui, comment ? Quel est le lien entre raison et intuition ? Voilà quelques questions que nous aborderons dans cet article.

C’est quoi l’intuition ?

D’après ChatGPT, « l’intuition est une capacité humaine à percevoir ou à comprendre quelque chose instinctivement, sans recourir à un raisonnement délibéré ou à une analyse approfondie. C’est une forme de connaissance immédiate ou de compréhension intuitive qui émerge sans effort conscient. »

Face à un problème où à une question, la réponse m’apparait comme une évidence. Elle n’est pas le fruit d’un long raisonnement, mais comme une fulgurance. Pour certains, elle passe par le visuel, pour d’autres, c’est de l’ordre du ressenti émotionnel ou même physique, en aucun cas il ne s’agit d’un raisonnement.

En 2014, je cherchais une nouvelle voie professionnelle. Ma passion pour l’informatique bancaire s’était éteinte depuis plusieurs années et j’avais enfin trouvé le courage de me mettre en chemin pour découvrir mon futur professionnel. En bon ingénieur, j’avais choisi une méthode en 7 étapes pour laquelle je me suis fait accompagner par Béatrice, celle qui avait imaginé ce processus mélangeant PRH et le discernement Ignatien. A la base, je devais définir deux ou trois voies professionnelles qui m’attiraient. Le processus devait ensuite me permettre de déterminer la voie qui me convenait le mieux. Alors qu’après plusieurs semaines, j’en étais à la quatrième étape, Béatrice me dit tout d’un coup :

« Pourquoi n’as-tu pas pensé au coaching ?»

Surpris par cette proposition qui me paraissait tout à fait incongrue et hors du processus vu que je n’avais pas envisagé cette piste dans mes trois propositions, je lui ai répondu :

« Marc Wilmots ? Tu sais, mon niveau sportif n’est vraiment pas très élevé… ».

A cette époque, Marc Wilmots était le coach des Diables Rouges, l’équipe nationale de foot belge. Dans ma tête, un coach, c’était un coach sportif. Je ne savais pas ce qu’était le coaching professionnel et je ne m’étais donc jamais fait coacher (quelle erreur ! 😉). Après avoir éclaté de rire, Béatrice m’a expliqué ce qu’était ce métier de coach. Au fur et à mesure de ses explications, je ressentais dans ma poitrine comme une vibration : c’était évident, le coaching professionnel sera mon futur professionnel. Alors que je ne connaissais rien de ce métier que je venais de découvrir cinq minutes plus tôt, tout en moi me disait : « c’est ça !». Inutile de chercher plus loin.

Par la suite, j’ai utilisé ma raison pour valider cette option en me renseignant sur ce métier et en rencontrant une dizaine de coachs déjà bien installés. Cela fait presque dix années, et je peux confirmer que cette intuition était bien la bonne, mon métier de coach me rend profondément heureux, j’y suis à ma place.

Une intuition, cela ne s’explique pas : elle émerge soudainement comme une bulle remonte du fond d’un étang à la surface de l’eau.

Comment ça marche ?

Commençons par la raison.

Lorsque nous abordons un problème par la raison, notre cerveau fonctionne de manière séquentielle, une idée en entraine une autres, un raisonnement nous amène à des conclusions qui nous permettent de poursuivre le cheminement intellectuel vers une solution. Tous les éléments sont conscients, réfléchis, pensés. Il s’agit de comprendre, de comparer, d’évaluer, d’analyser. Faire des choix raisonnables demande de l’intelligence, des connaissances et l’accès aux données qui viendront étayer nos hypothèses pour finalement arriver aux choix que nous estimons être le bon. Un raisonnement peut prendre des jours, voire des années d’efforts intenses.

Intuition

Et l’intuition alors ?

Au niveau scientifique, il semble que l’origine de l’intuition reste encore assez nébuleuse (si vous connaissez des articles scientifiques qui expliquent comment cela fonctionne, partagez les dans les commentaires). Par contre, comme l’indiquent les deux citations ci-dessous, les plus grands scientifiques semblent attribuer à l’intuition bien plus qu’à leur raison leurs plus grandes découvertes :

« Le plus important pour un scientifique n’est pas ses diplômes, ni le nombre de ses années d’étude, ni même son expérience, mais tout simplement son intuition. »

Albert Einstein

Einstein semble même regretter que notre société moderne ait cédé presque toute la place à la raison :

« L’intuition est un don sacré et l’esprit rationnel en est serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. »

Albert Einstein

Alors que la raison nécessite d’analyser les éléments un à un, l’intuition aborde la question de façon holistique, comme si elle appréhendait une grande quantité d’informations en un seule fois. Alors que la raison est séquentielle, l’approche de l’intuition est parallèle. Elle intègre non seulement des informations dont je suis conscient, mais aussi et surtout d’autres qui sont enfouies dans les méandres de ma mémoire ou auxquelles j’ai accès par des voix qui aujourd’hui restent encore inexpliquées.

Quand utiliser la raison et quand utiliser l’intuition ?

Pour répondre à cette question, distinguons les questions analytiques, c.à.d. celles qui nécessitent une approche par la raison des questions intuitives, celles pour lesquelles notre intuition est requise.

Les problèmes analytiques sont ceux qu’il est possible de décomposer en parties bien distinctes. Chacune de ces parties peut-être mesurée, analysée ou si nécessaire décomposée à son tour pour aboutir à un élément simple à comprendre. Le problème est analytique si le tout n’est pas plus complexe que la somme des parties qui le compose. Il n’y a pas d’effet systémique ou holistique. Certains parlent de problèmes simples, voir compliqués, mais pas complexes. Les problèmes compliqués sont décomposables en problèmes simples indépendants. En ce sens, un avion, bien que compliqué, reste un problème analytique. Si un avion est en panne, la raison est le bon moyen pour le réparer.

Le problème est intuitif si le nombre d’éléments en jeu est trop important. Il est difficile, voire impossible de les analyser un à un. Et même si c’était possible, les effets de ces éléments les uns sur les autres et l’influence de l’environnement extérieur est tel que le problème est bien trop complexe que pour arriver à un haut niveau de certitude. Ce type de problème comprend par exemple des facteurs irrationnels comme les émotions ou les relations. La complexité du tout est bien plus grande que la somme des complexités des parties. Quelques exemples de problèmes intuitifs : l’engagement d’un collaborateur, le mariage, un partenariat professionnel, le choix d’un métier, la vision d’entreprise, la transition climatique…

Bien sûr, vous prendrez soin de soumettre ce que vous indique votre intuition à la raison. Si l’idée qui surgit n’est en rien raisonnable, vous déciderez probablement de ne pas suivre ce qui semblait pourtant être la voix de votre intuition.

Et si je n’ai pas d’intuition…

Certains d’entre nous, n’ont peut-être pas l’habitude de se mettre à l’écoute de cette voix intérieure qu’est l’intuition et pensent par conséquent qu’ils ne sont pas intuitifs.

Cette voix intérieure, je peux apprendre à me mettre à son écoute, à la distinguer des milles pensées qui traversent mon esprit tout au long de mes journées. Comment ? En pratiquant. Accueillez la première intuition qui vous traverse : une idée, une image, une émotion, un sentiment, une sensation corporelle… l’enjeu est de lui faire confiance, de ne pas la mettre en doute. Testez votre intuition sur des choses sans importance comme le choix d’un plat au restaurant, le choix d’un film au cinéma, une destination d’excursion… Mettez-vous à l’écoute de cette voix du cœur. Que vous dit-elle ? Avant de vous endormir, posez-vous une question. Il est probable qu’à votre lever une réponse vous attende.

Autant la raison demande de la concentration, de l’effort, autant l’intuition nécessite de la sérénité. Les pensées produites par vos peurs ne sont certainement pas celles de l’intuition, par contre les idées qui vous viennent au cours d’une ballade dans les bois, sous votre douche ou au petit matin après une bonne nuit bien reposante et qui vous apparaissent immédiatement comme une évidence, vous donnent de la joie, ces voix-là, sont probablement celles de l’intuition.

L'intuition: une vision, une image, un ressenti... une paix.

Quelques pièges à éviter

Shirzad Chamine liste quatre pièges fréquents en matière d’intuition.

Le premier est de traiter un problème intuitif comme un problème analytique. Je simplifie le problème en le réduisant à quelques mesures et je me crée un faux sentiment de certitude. Si je reprends l’exemple de l’engagement d’un nouveau collaborateur pour renforcer une de mes équipes, je pourrais me limiter aux quelques éléments de son CV : il a le bon diplôme, la bonne expérience, parle les langues requises… c’est bon, je l’engage.

Le second piège est l’inverse du premier : je vais traiter un problème analytique comme un problème intuitif. Je prends une décision rapide, non réfléchie sur base d’une soi-disant intuition. C’est ce qui est appelé en anglais le « Lazy thinking ». Sans commentaires.

Le troisième piège est de confondre les petites voix de mes hésitations ou de mes peurs avec celles de l’intuition. Mon oui vient-il de mon intuition ou du besoin de me sortir de cette situation ? Mon non vient-il de mon intuition ou de ma tendance à procrastiner. L’émotion ressentie vous permettra de discerner d’où vient votre réponse. Si c’est du stress ou quelque chose qui s’y apparente, ce n’est pas de l’intuition. L’intuition vient toujours de la sérénité ; elle est confirmée par de la paix et de la joie.

Le quatrième piège est d’appliquer l’intuition à un domaine qui m’est totalement étranger. Mon intuition se nourrit de mon cheminement, de mon environnement, des personnes qui m’entourent, de tout ce que j’ai emmagasiné comme connaissances et comme expériences de façon consciente et surtout inconsciente depuis ma conception. Si je n’ai pas touché ou été imprégné d’une façon ou d’une autre dans le domaine concerné, mon intuition ne pourra probablement pas me fournir une bonne réponse. L’intuition, ce n’est pas de la magie.

Conclusion

Plus que jamais, notre monde en transition a besoin de répondre à des questions complexes, des questions intuitives. Pour ce faire, nous avons cet outil extraordinaire qu’est notre intuition. Apprenons à l’utiliser.

« Il y a ce que l’on connaît, qui est étroit. Il y a ce que l’on sent, qui est infini. »

Christian Bobin

Partagez dans les commentaires vos expériences de l’intuition et dites-nous ce que cela vous a appris.


Que votre journée soit belle,
Pierre

Photos : Tumisu, JP Lenio, Gerd Altmann, JP Lenio

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L’auteur

Pierre de Lovinfosse

Pierre de Lovinfosse

Coaching individuel, de groupe et formations. Il s’est donné pour mission d’aider les dirigeants à mettre leur entreprise au service de l’humain : l’entreprise comme ressource pour l’humanité, plutôt que l’homme comme ressource pour l’entreprise. Il s’intéresse tout particulièrement à la problématique du leadership qui constitue son sujet principal de coaching et de formations. https://www.effatacoaching.com

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