Comprendre la mutation
Saviez-vous que, dans la métamorphose de la chenille en papillon, se joue un phénomène fascinant, appelé mutation ?
Cette découverte m’a profondément inspiré, à la fois sur le plan personnel et par rapport à l’évolution sociétale dont notre monde a urgemment besoin.
Et si notre société devait se transformer comme un papillon ?
Dans la chenille vivent des cellules particulières : les cellules imaginales. D’abord combattues par les autres cellules, elles finissent par s’imposer. Quand vient le temps de la chrysalide, elles orchestrent la décomposition de la chenille en un liquide, à partir duquel naît un être entièrement nouveau : le papillon… Nouveau dans sa structure, sa forme, ses besoins, ses capacités, et pourtant formé 100 % à partir de la substance de la chenille.
Ce n’est plus une chenille améliorée. C’est un être radicalement différent : il vole au lieu de ramper, se nourrit de nectar au lieu de feuilles, féconde les fleurs et se laisse porter par le vent.
Voilà une image parlante de ce qu’est une mutation !
La leçon du papillon (conte)
Entre deux branches d’arbre, dans un creux, une chrysalide.
Un homme l’observe. Il devine une ouverture minuscule dans cet œuf qui ressemble à un ongle d’écorce. Un papillon, bientôt, va naître. L’homme le voit qui s’insinue par ce trou trop menu pour lui. Il s’efforce et s’échine, un millimètre après l’autre. Il semble tant s’épuiser qu’il s’arrête, à demi sorti.
« La pauvre bête n’en peut plus, se dit l’homme. Je vais l’aider. »
De la pointe de son canif, il élargit la porte étroite. Le papillon, d’une poussée, vient au monde. Enfin, il se délivre ! Mais son corps est gonflé, pesant et ses ailes sont trop petites, elles paraissent ratatinées. L’homme pense qu’elles vont bientôt se déployer et que ce ventre qui se traîne, obèse et disgracieux, va perdre ce poids qui l’encombre. Mais non, le papillon est informe à jamais.
Henri Gougaud, L’Almanach
Dans notre société, il faut des résultats, des solutions et le plus vite possible… Cela mène souvent à ce que nous enseigne le papillon. Dans mon article « Qu’est-ce qui se passe quand rien ne se passe ? », j’aborde la fécondité de ces passages apparemment « non-productifs ».
Transition ou mutation ? Le vrai défi des organisations et de la société
La mutation diffère de la transition, qui désigne une évolution progressive — comme la puberté ou la transformation du têtard en grenouille.
De quoi avons-nous besoin aujourd’hui ?
Des deux, bien sûr. Mais la transition a ses limites. Elle cherche encore des solutions avec le même mode de pensée qui nous a menés à l’impasse actuelle.

L’exemple des organisations
Prenons les entreprises qui explorent la voie de la robustesse, popularisée par le chercheur Olivier Hamant, qui s’inspire du vivant. Contrairement aux sociétés humaines centrées sur la performance, le vivant n’est ni efficace, ni efficient, il est robuste : il se maintient malgré les fluctuations.
Certaines organisations tentent de s’inspirer de ce modèle. Mais elles le font souvent avec nos réflexes habituels : analyser, structurer, mobiliser les savoirs, organiser l’intelligence collective, tester, améliorer… Bref, toujours en se plaçant à l’origine de la solution.
Ce mode de pensée a produit d’immenses avancées, mais il atteint aujourd’hui ses limites… pas seulement dans nos organisations, aussi au niveau de nos vies quotidiennes et des individus.
Passer à la mutation implique de changer de posture

Einstein le disait : « On ne résoudra pas les problèmes d’aujourd’hui avec les pensées d’hier. »
Passer de la transition à la mutation implique une autre posture :
- Réapprendre à « écouter à l’intérieur » au lieu de vouloir tout contrôler,
- Se brancher à plus grand que soi au lieu de chercher à tout produire par nous-mêmes,
- Accepter de ne pas être l’origine, mais un maillon dans un champ plus vaste.
La physique quantique nous ouvre d’ailleurs une piste : au-delà du « réel » perceptible, il existe un champ informationnel, une réalité plus ample où tout est information. Les solutions y sont déjà présentes. L’enjeu n’est pas de les inventer, mais de savoir les recevoir.
Vers un nouveau paradigme
En résumé : nous parlons beaucoup de transition : énergétique, écologique, numérique, managériale… Mais ce mode de pensée, fondé sur l’efficacité et l’optimisation, atteint ses limites. Il nous maintient dans le mode de pensée qui a produit les problèmes que nous essayons de résoudre.
La mutation nous invite à une nouvelle posture : passer de l’obsession de « trouver la solution » à l’ouverture à une réalité plus vaste… Une posture d’écoute, de réception, d’ancrage dans le vivant et le champ informationnel.
Pour celles et ceux qui veulent réellement coconstruire le monde de demain, il ne s’agit plus seulement de transition, mais bien de mutation.
Avec Éric Lardinois, spécialiste en créativité et innovation managériale, nous développons « Le Cocon », un incubateur de mutation : un espace expérimental pour cultiver une posture nouvelle, ouverte à l’inspiration, pour aller vers le radicalement nouveau !
Avis aux pionniers : prêts à passer de la transition à la mutation ? Contactez-moi…
Benoît
POUR APPROFONDIR
Mon article Qu’est-ce qui se passe quand rien ne se passe ?
PHOTOS : Pixabay, Unsplash, Pexel
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