Victime ou Responsable ?

par | 27 Fév 2024 | Développement personnel | 0 commentaires

Parfois je me comporte en victime, je me plains, j’estime que ce qui m’arrive est injuste, que cela n’arrive qu’à moi, que certains n’ont vraiment pas été sympas, que je n’ai pas de chance… Et vous ? Cela vous arrive aussi ? Jamais, parfois, souvent… ? Avec quel impact sur vous-même ?

Par ailleurs, il m’arrive régulièrement d’être confronté à des personnes qui se posent en victime. Comment réagir ? Essayer de les aider ? S’enfuir ? Les secouer ?

Deux façons de vivre une même histoire

Il y a quelques mois, je suivais une formation en Intelligence Positive™. Lors d’une de ses interventions, Bill Carmody, un des formateurs, nous a proposé de raconter une histoire qui nous était arrivée en se positionnant en victime, comme quelqu’un qui subit ce qui lui arrive.

Victime

Je me souviens de François, ce participant qui a raconté le licenciement qu’il avait subi 10 ans plus tôt. Cet évènement l’avait profondément marqué.

« Il y a 10 ans, je travaillais pour Armino, et je me suis fait virer. J’avais bossé 16 ans pour cette boite sans compter mes heures. Et boum : un vendredi après-midi, la DRH m’appelle et m’annonce que c’est fini. Terminé. Aurevoir.

– Tu comprends, les temps sont durs, mais tu as de la chance, grâce à ton ancienneté, tu ne pars pas sans rien… ».

En résumé, je suis invité à reprendre mes affaires et à rendre mon ordi et mon téléphone avant de partir avec ma caisse. C’est fini… J’ai ressenti une colère énorme en moi. C’était tout simplement honteux. Après j’ai contacté mon manager :

– Tu comprends, j’avais pas le choix… ».

Mais non, je ne comprends pas ! Mes collègues restaient là sans rien dire. Ils auraient au moins pu prendre ma défense, faire la grève, manifester… rien. On me jetait comme un vieux citron pressé. Comment retrouver un job à 50 ans !? Je suis foutu. De toute façon le monde de l’entreprise est pourri. »

Après que chacun ait raconté son histoire en mode victime, Bill nous a demandé de prendre conscience et de partager comment nous nous sentions dans cette posture de victime. Voici les ressentis exprimés par les participants :

Colère, tristesse, frustration, douleur, injustice, humiliation,

impuissance, faiblesse, stupidité, petitesse, manipulé, trompé, non-respect, désillusion,

coincé, foutu, exclu, trahi, abusé, invisible, désespéré, le cœur brisé,

seul, sans valeur, dans l’erreur, abandonné, utilisé…

Responsable

Après ce premier exercice, Bill nous a invité à raconter la même histoire, non plus comme une victime, mais comme un adulte responsable.

François a donc repris son histoire. Dès le départ, même sans écouter ce qu’il disait, une autre énergie émanait de lui. C’était frappant. Son histoire était beaucoup plus factuelle. L’entreprise avait traversé plusieurs crises sans réussir à trouver les bons leviers pour rebondir. Ils avaient décidé de réduire la voilure en mettant fin à certaines activités en difficultés dont le département dont il faisait partie. Il avait été le premier d’une longue série à être licencié.

« Cette expérience a vraiment été difficile à vivre. La colère qui montait en moi avait quelque chose de destructeur. Heureusement, j’ai pu m’appuyer sur Anne, mon épouse, et sur des amis qui ont vraiment été là pour moi. Ils ont pris soin de moi, m’ont accompagné tout en respectant mon rythme.

Aujourd’hui, je peux dire que grâce à eux, j’ai réussi à rebondir, à réorienter mon job vers quelque chose qui me convient beaucoup mieux. Cette expérience a été difficile et finalement bénéfique. »

Ensuite, comme pour le premier exercice, nous avons été invités à identifier nos émotions, notre ressenti dans cette posture d’adulte responsable. Voici les mots exprimés par les participants :

Responsable, curieux, fort, devant des choix,

empathie, résilient, décisif, conscient, neutre, éclairé, en charge,

analytique, informé, apprenant, factuel, objectif, réfléchi, puissant,

intelligent, honnête, sage, invincible, intègre, perspicace, espoir,

équilibre, capable, humble, libre, connecté, vulnérable, vrai…

Certains ont aussi exprimé de la honte ou de la culpabilité. Nous en reparlerons plus loin.

Si le vase est fêlé…

Chacun de ces mots décrit un « contenu pour un contenant ». Le contenu, c’est ce qui m’arrive. Le contenant, c’est la posture que j’adopte.

Pour expliquer cela, considérons les personnes qui gagnent des sommes très importantes à la loterie : combien de temps leur faut-il pour tout perdre ?

La réponse statistique est trois ans. 70% d’entre elles perdent tout dans les trois ans. Lorsque le vase est fêlé, vous pouvez y verser toute l’eau que vous voulez, il finira toujours par se vider. Le contenu : c’est l’eau en abondance, le contenant c’est le vase fêlé. Si le « contenant » dysfonctionne, quel que soit le « contenu », il sera perdu.

C’est pareil pour notre posture de victime, elle agit comme le vase fêlé qui perd tout ce que la vie lui présente.

La question que je vous invite à vous poser est la suivante :

« Quelle elle la posture que j’adopte habituellement lorsque je suis confronté à des difficultés : victime ou responsable ? ».

Question de perspective

Si je vous demande maintenant quelle posture vous voulez adopter pour vivre la vie à laquelle vous aspirez, il est probable que votre réponse soit : « responsable ».

Encore une question : êtes-vous responsable de tout ce qui se passe dans votre vie ?

Après ce qui précède, vous avez peut-être envie de répondre oui et pourtant la réponse est non. Ni le statut de victime, ni celui de responsable ne sont vrais en eux-mêmes. Le fait de les vivre en victime ou en responsable est la perspective que j’emprunte suite à ce qui m’arrive.

Force est de constater que la perspective du responsable est beaucoup plus puissante, épanouissante, apprenante que celle de la victime. Alors pourquoi adopterai-je celle de la victime ?

Le « Responsable-Victime »

Lors de l’exercice qui précède après avoir expliqué leur histoire en « responsables », certains ont exprimé de la culpabilité (c’est de ma faute), de la honte (je n’aurais pas dû) ou d’autres ressentis de ce type. Cette perspective qui a le masque du responsable cache une malheureuse victime qui exprime : « Je n’ai vraiment pas de chance d’être aussi nul ». C’est un piège dans lequel il est facile de tomber.

Nous ne sommes pas responsables de tout ce qui nous arrive,
nous sommes responsables de ce que nous en faisons.

La majorité de ce qui nous arrive ne dépend pas de nous.

De victime à responsable

Ayant pris conscience de l’impact négatif de la posture de victime, il nous reste à apprendre à la quitter. Se plaindre c’est, inconsciemment, une façon d’attirer la compassion des autres, de me sentir aimé. Le problème, c’est que cela ne marche pas. Oui, la première fois que je raconte « ma triste histoire », certains m’écoutent et veulent m’aider. Si je prends cette main tendue pour me relever et prendre mes responsabilités face à ce qui m’arrive, j’ai gagné.

Trop souvent, celui qui se plaint, reste dans la plainte de sorte que ceux qui au début proposent leur aide en ont vite assez de ces plaintes et se détournent. Les seuls qui restent sont celles et ceux qui comme moi se plaignent pour former ensemble quelque chose qui ressemble à un chœur de tragédie grecque.

Personnellement, mon levier pour en sortir, c’est de prendre conscience de mon ressenti. Si mon ressenti est de l’ordre de ceux repris plus haut (peur, colère, honte, doute, frustration, impuissance…), je prends conscience que je m’installe très probablement dans une posture de victime qui ne mène à rien de bon pour moi et pour mon entourage. A moi dès lors de me reprendre en main en me demandant ce que je vais faire, en demandant de l’aide, en cherchant un nouvelle voie…

Comment aider quelqu’un à sortir de la plainte ?

Lorsque nous voyons quelqu’un qui exprime une souffrance, le sauveur en nous, s’agite pour lui venir en aide. Pour aider quelqu’un à sortir de la plainte, surtout ne l’aidez pas avant qu’il ne vous le demande. Vous renforceriez son statut de victime en l’aidant sans qu’il n’ait pris la responsabilité de solliciter votre aide. Après l’avoir écouté avec empathie, posez-lui quelques questions qui vont l’aider à se relever et à reprendre sa vie en main.

Par exemple :

  • Que vas-tu faire ?
  • A qui pourrais-tu demander de l’aide ?
  • Qu’attends-tu de moi ?
  • Quand as-tu vécu une expérience similaire et comme t’en es-tu sorti ?

Que votre journée soit belle,
Pierre


© Photos: Ngoc Tang, Roger Pic

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L’auteur

Pierre de Lovinfosse

Pierre de Lovinfosse

Coaching individuel, de groupe et formations. Il s’est donné pour mission d’aider les dirigeants à mettre leur entreprise au service de l’humain : l’entreprise comme ressource pour l’humanité, plutôt que l’homme comme ressource pour l’entreprise. Il s’intéresse tout particulièrement à la problématique du leadership qui constitue son sujet principal de coaching et de formations. https://www.effatacoaching.com

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