3ème clé de la transition – Oser et croire !

par | 30 Juin 2020 | Décider, Développement personnel, Motivation | 0 commentaires

OSER et CROIRE ! Pas seulement OSER, ni seulement CROIRE ! Deux mouvements indissociables qui se vivent pas par pas et permettent aux changements d’advenir… C’est ce que nous allons explorer dans ce qui suit.

Cet article est le 7ème d’une série sur les « 7 clés de la transition » . Tout comme le 6ème, il porte sur la 3ème clé : « Danser avec la vie… Oser et croire ! ».

Une invitation à OSER ET CROIRE

Lorsqu’Ariane et moi vivions en Equateur, un évènement a profondément marqué en moi la conscience de cette double dynamique : oser et croire.

José est un homme métis de la province du Chimborazo qui a donné toute sa vie au service des communautés indiennes. Depuis quelques années, il était responsable, à mi-temps, d’un projet autogéré par les Indiens dans une zone voisine de celle où nous travaillions. Par ailleurs, il travaillait à mi-temps avec nous dans le projet Iles de Paix. Un an et demi après le démarrage, nous avons découvert que, tout en prétendant travailler pour notre projet, il avait essayé d’inciter certaines communautés d’Indiens à durcir leurs positions afin de nous imposer un certain type d’action. Cela avait créé des divisions et beaucoup de confusion au sein des communautés. Nous avons dû mettre fin à la collaboration avec José, mais des tas de questions nous travaillaient : que s’est-il passé en José pour qu’il agisse ainsi ? Quelle est sa vérité ? Quelle est notre erreur ? Au début, nous étions incapables de comprendre tant nous avions de colère à son égard, pas tellement de nous avoir trahis, nous et le projet des Iles de Paix, mais surtout d’avoir créé ces divisions dans les communautés. La première étape de notre guérison, car quand on est aveugle on doit guérir, se passa peu avant Noël. Nous avons décidé, Ariane et moi, de lui apporter des chocolats pour lui souhaiter, à lui et à sa famille, de joyeuses fêtes. Pourtant, malgré tous nos efforts, nous étions incapables de lui pardonner. Néanmoins, nous ne pouvions pas non plus rester à ne rien faire. Alors, nous sommes partis chez lui.
Je me rappelle encore toute la violence qui m’habitait dans la voiture, puis quand je marchais vers sa porte, sonnais et attendais. Je me demandais ce que je faisais là avec mes chocolats, alors que toutes mes impulsions me disaient que j’allais « lui casser la gueule », en parole en tout cas. J’ai alors conscientisé le sens de notre démarche : être là avec ce ballotin de pralines… Je savais et je mesurais dans tout mon corps combien c’était insignifiant par rapport au problème, mais c’était ma façon d’oser un pas concret. Ce qui me manquait, ce changement de regard en moi, j’étais incapable de me le donner à moi-même, mais être là, en cet instant, était ma façon de croire, de faire confiance !
Je serais bien incapable de vous dire ce qui s’est passé exactement. Il a ouvert la porte. Nous lui avons souri, lui aussi. Nous avons parlé un temps, pas de ce qui s’était passé dans nos projets, mais nous étions heureux d’être simplement ensemble. Nous pouvions de nouveau nous regarder les uns les autres comme des êtres humains. Ce fut le départ d’un processus de réconciliation et de reconstruction de l’amitié.

OSER

Oser des idées nouvelles, des gestes nouveaux…
Oser ouvrir une brèche parce que si je change, le système ne sera plus jamais comme avant…
En commençant par des petits pas dans mon entourage quotidien, là où mes changements auront un impact direct et plus visible, là où les personnes sont moins différentes de moi…
Les grands audacieux n’ont finalement que l’audace de faire le prochain petit pas et l’audace de faire un petit pas est à la portée de tous… alors décidez-vous sans attendre : quel seras votre prochain petit pas ? 

Oser, même si je me sens petit, insignifiant, même si j’ai l’impression que je ne vais jamais y arriver, que je n’ai ni la force, ni les compétences…

Oser apporter dans cette transition le peu que je suis, que j’ai… parce que personne ne peut remplacer mon instrument,
ma note dans la grande symphonie à laquelle je participe…

Oser devenir acteur ensemble… Avec ceux qui entrent dans la danse, créer des noyaux générateurs de transition… Des lieux où l’intelligence collective peut s’exprimer vraiment… Parce que seul je n’aurai qu’une vision des choses, des autres, du monde… Parce qu’ensemble nous pouvons construire un rêve beaucoup plus large, beaucoup plus inclusif, un rêve qui rassemble…  Un mouvement dans lequel tous sont bienvenus et peuvent trouver leur place.

Oser expérimenter, pour petit à petit apprivoiser la danse avec la lumière et l’ombre. L’avancée se fait dans la lumière comme dans les ténèbres, dans les accalmies comme dans les contractions. Souvent, si nous sommes flexibles, nous apprenons plus de nos échecs et des traversées difficiles.

Oser, parce que nous sommes tous et chacun coresponsables de cette transition.

Dans cette étape où nous sommes invités à OSER, notre regard peut nous induire en erreur, nous tendre un piège dans lequel notre capacité à oser pourrait être paralysée.

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la loi de Pareto (80/20). Elle met en évidence qu’avec 20 % d’efforts, nous obtenons 80 % du résultat ; et que pour atteindre les ultimes 20 % du résultat, il nous en coûtera 80 % d’efforts.

Cette loi s’applique en effet pour la mise en œuvre des clés que nous avons partagées.
Trop souvent nous dirigeons notre regard sur les 20 % de résultats les plus difficiles à obtenir. En nous, une petite voix dit : « Oui, mais avec telle personne, dans tel cas, j’ai tout essayé, il n’y a pas moyen, etc. » Nous en concluons que c’est impossible ! Ce constat désolant nous coupe les jambes, court-circuite ce qui nous mettait en mouvement. Et nous laissons tomber.

« Notre situation peut être perçue comme le paradis ou l’enfer : tout dépend de notre perception. »

Pema Chödrön

Si nous voulons goûter la joie de ceux qui osent et qui participent à l’accouchement collectif, mettons plutôt notre regard sur tout ce qui bouge et avance, sur les 80 % de résultats que nous avons obtenus en lien avec nos efforts. Investir 20% d’énergie pour avoir des résultats dans 80% des cas, cela ne vaut-il pas la peine ? Arrêtons-nous au moins une fois par jour pour diriger votre regard sur les 80 % qui évoluent !

Et n’oublions pas que derrière chaque audace, il y a un cadeau !

Ceci dit, oser ne suffira pas. Car nous sommes limités, nous ne pouvons pas tout contrôler, nous ne sommes pas tout-puissants… et heureusement qu’il en est ainsi ! Cet « oser » devra toujours être associé à un autre élan en nous, celui de la confiance…

« Je nous souhaite la folie de croire que le monde peut être transformé, c’est-à-dire plus juste et fraternel. Mais c’est en nous que la flamme doit être ranimée. Osons ! »

Jean Ristat, cité par le Cheikh Ahmed Abaddi

CROIRE

Croire… faire confiance…  lâcher prise…

Parce que dans cet accouchement, il y a quelque chose à l’œuvre qui nous dépasse !
Certains parlent d’une énergie, d’autres évoquent l’univers. Certains citent Dieu. Les philosophes grecs de l’Antiquité parlaient de « l’Âme du monde » (cf. L’Âme du monde, Frédéric Lenoir, Pocket, Paris 2012, p. 37-40 & 45-46).

Beaucoup la sentent, la perçoivent… Personne ne peut se l’approprier.

Quelque chose qui œuvre dans le sens de la Vie…

Quelque chose qui nous habite au plus profond de notre être…

Quelque chose de plus grand que nous dont nous faisons partie…

On parle de plus en plus de synchronicité : du fait que les énergies de même type s’attirent et se rejoignent ; que ce dont j’ai besoin ou que je suis prêt à donner à un moment, vient à moi et moi à lui, souvent de manière bien plus ajustée et féconde que ce qu’auraient pu prévoir les calculs ou les stratégies les plus savants, ou ce qu’auraient pu obtenir, les efforts ou la volonté les plus élevés…

Dans notre vie, Ariane et moi, nous ne cessons d’expérimenter cette réalité. En voici quelques exemples :

  • au niveau de notre évolution personnelle : nous recevons le livre, rencontrons la personne ou vivons l’expérience dont nous avions besoin ;
  • au niveau de notre travail : nous évoquons ensemble la possibilité d’écrire un livre et un éditeur nous en fait la demande la semaine suivante. Nous avons l’idée d’une nouvelle formation et quelqu’un nous contacte pour la commander… Nous avons été dans une logique d’accueil des missions qui viennent à nous et nous n’en avons jamais manqué !
  • au niveau des groupes dans lesquels nous sommes engagés : la complémentarité nous permet de passer les épreuves et de construire ensemble : quand l’un est faible et impuissant, un autre se sent fort, il voit que faire et est confiant ;
  • et même au niveau de nos besoins matériels : des amis nous proposent leur maison de vacances quand nous n’avons pas les moyens de nous en offrir ; la même chose pour les vêtements de seconde main qui nous ont été offerts par nos proches ; et même pour notre maison, que nous n’avons pas cherché mais vraiment « reçue » à un moment où nous devions changer et qui était « prête à l’emploi », tout à fait adaptée aux besoins de notre famille…

Tant de situations où nous avons reçu et participé à « tellement mieux et plus vivant » que ce dont nous aurions été capables par nous-mêmes ! Nous avons une gratitude infinie !

L’Âme du monde est en travail avec nous sur le chemin de la transition, dans cet accouchement personnel et planétaire.

Croire en cette dimension qui rend l’impossible possible !

Ce qui est impossible par nos propres forces, par notre propre contrôle, par nos natures si différentes, devient possible si nous lâchons prise et syntonisons (nous recentrons, nous ajustons).

Lâcher prise sur la partition qu’il s’agit de jouer. Mais jouer sa note, son instrument unique, dans cette musique qui se construit par l’ajustement de chacun à ce qui nous met le plus en Vie, qui nous recrée et nous unit tous…
Écoute de soi, des autres, de l’environnement et de l’Âme du monde… patience et confiance !

Un autre aspect qui fait son chemin aujourd’hui est la conscience de notre interdépendance, de notre unité fondamentale. Certains disent que nous sommes les parties d’un tout, les manifestations d’un flux.

« Il y a urgence à considérer le monde comme un tissu de processus interreliés et dont nous faisons intégralement partie, de sorte que tous nos choix et actions ont des conséquences pour le monde autour de nous. »

Whitehead

Dans nos sociétés occidentales, de plus en plus de personnes redécouvrent le chemin de l’intériorité, du silence, du recentrage, du lâcher-prise.

Plusieurs approches, comme la Pleine Conscience (Mindfulness en anglais) ont mis à disposition de tous des chemins d’intériorité pratiqués depuis longtemps par des maîtres spirituels dans toutes les grandes traditions religieuses. Ce qui n’aurait pas pu entrer par la porte des religions dans le monde politique, économique ou social, est en train d’entrer par la fenêtre de la spiritualité un peu partout !

Les scientifiques de tous bords s’intéressent de plus en plus aux effets de la méditation sur notre cerveau, notre corps, notre santé, y compris mentale, la capacité à être acteur dans le monde, etc.

CROIRE, c’est aussi lié à la confiance en soi, en l’autre, dans le groupe

Rappelez-vous de l’effet Pygmalion dont j’ai parlé à la fin de la clé précédente : la confiance a le pouvoir de bonifier les personnes à qui nous l’offrons… Et, à travers elles, les organisations et le monde dans lesquels nous vivons ! Cette découverte est un des piliers des nouveaux modes de gouvernance et de la transformation des organisations qui ont le vent en poupe… un des principes de base mis en pratique dans les entreprises libérées. Elle explique aussi pourquoi il y a un lien fort entre le bonheur, la réalisation de soi, la confiance et la performance au travail.

OSER ET CROIRE… il ne suffit pas d’oser ou de croire… il faut les deux !

Je suis impressionné comme beaucoup de dirigeants qui ont participé à la construction d’un monde nouveau, ont commencé par oser et croire. Voici les témoignages de trois d’entre eux.

Je me posais plein de questions sur l’avenir de mon entreprise. Un jour par hasard, à la radio, j’ai entendu Alexandre Gérard parler de l’entreprise libérée. Cela m’a fait écho, et j’ai tout de suite su que c’est vers ça que je désirais aller. En même temps, je ne pouvais pas l’imposer à mes 11 associés. J’ai pris le temps de rencontrer chacun d’eux individuellement, en dehors de l’entreprise. Je leur ai expliqué le moment où « la pièce est tombée pour moi », là où je voulais aller et je leur ai offert le livre « Le patron qui ne voulait plus être chef ». Je ne leur ai pas dit à qui d’autre j’en avais parlé. Je leur ai demandé de s’engager à n’en parler à personne parce que la réponse doit venir de l’intérieur de chacun et ne pas être influencée par les autres. J’avais décidé qu’on ne se lancerait pas sur la route de la libération si 100% des associés n’étaient pas motivés !
(Daniel Dries, fondateur et CEO d’Infodata-Group, PME en voie de libération dans le domaine de l’IT)

L’idée d’électrifier des villages reculés en Afrique par des micros réseaux à l’énergie solaire, opérés à distance, était révolutionnaire en 2012. J’ai réussi à convaincre mon patron, visionnaire, de m’octroyer 300 heures pour une étude de faisabilité qui a débouché sur une année d’incubation, puis sur un projet pilote en Afrique. J’ai osé quitter mon poste, sans être sûr de le retrouver… Et j’ai dû croire, envers et contre tout : beaucoup disaient « pourquoi dépenser notre argent à cette utopie qui n’a rien à voir avec notre business model ». J’aurais pu abandonner 100 fois sur base des retours.
Dès le démarrage du projet en Afrique, j’avais l’intuition du besoin d’une organisation libérée, agile, collaborative. Pour réussir ces projets décentralisés et reculés, il fallait des équipes autonomes sur le terrain. Ce type de gouvernance étant très différent de ce que j’avais vécu auparavant et nouveau pour les Africains, nous avions besoin de nous faire accompagner. Notre proposition a été jugée intéressante, mais mise de côté par le siège. Avec le directeur local, nous avons décidé de quand même nous lancer sur le budget local sans avertir le siège, ni notre chef direct. Nous avons compensé ce coût en faisant personnellement des économies (vols économiques plutôt que business, prêts de notre voiture plutôt que d’en louer pour les visites de terrain, etc.). Je le referais sans hésiter parce que je vois les fruits que cette approche a apportés au niveau humain (engagement, développement personnel et des équipes) et économique… Elle a été reconnue et validée progressivement et inspire maintenant d’autres entités du groupe.
(Fondateur et CEO d’un projet de micro-réseaux en Afrique au sein d’un groupe énergétique)

De mon point de vue, l’équipe de l’atelier était un groupe fermé au dialogue, dans la plainte et pas dans la proposition. J’avais tenté des choses qui avaient eu du mal à prendre avec la résistance du chef d’atelier. Quand le chef d’atelier a démissionné, j’ai osé « sauter à l’eau » et cru que c’était possible de changer l’état d’esprit de cette équipe. J’ai pris temporairement son rôle et animé des réunions hebdomadaires et des groupes de travail pour prendre des décisions. J’ai découvert certaines personnes qui se sont ouvertes, révélées. Au fur et à mesure, ils se sont aussi un peu plus compris entre eux : le problème n’était pas uniquement avec la hiérarchie ! Il y a bien sûr eu des rétropédalages et des personnes qui sont restées fermées plus longtemps… In fine, tous ont fait un pas en avant et l’état d’esprit de l’équipe a changé.
(Jean-Baptiste Gallois, CEO de CICR, PME dans la construction)

Ainsi la transition nous invite à apprendre à être souple, dans la dynamique et l’élan de la vie qui nous appelle chacun à OSER apporter tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons et dans le même temps à CROIRE, à faire confiance.

À ce stade le résultat n’est pas primordial, l’enjeu est notre capacité à ACCUEILLIR « L’ÉCHEC APPARENT », la résistance de l’autre et/ou la nôtre, et d’élargir notre vision pour y voir une contraction qui participe à l’accouchement que nous vivons : danser avec l’ombre et la lumière… oser s’engager et croire en l’impossible-possible !

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L’auteur

Benoit Thiran

Benoit Thiran

Benoit Thiran, marié, père de 3 enfants, ingénieur commercial et de gestion, a derrière lui 29 années d’expérience professionnelle en gestion des relations et du changement, formation et coaching dans des secteurs très variés (multinationale, développement, non marchand, PME, projet BeLEAN à la SNCB). Il a une expérience particulière dans l’accompagnement des périodes de turbulences qui font partie du processus de transition pour aider les personnes et les groupes à découvrir le potentiel d’évolution qui s’y cache ! https://www.m-h-d.be/

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