4 ème Clé – La peur ou la confiance ?

par | 10 Déc 2020 | Communication, Développement personnel, Motivation | 0 commentaires

… me libérer de mes dragons intérieurs 

Dans mon article précédent, « Apprivoiser mes dragons », nous avons rencontré le dragon père, ma peur de la souffrance et de la mort, et un de ses enfants, le dragon de l’insécurité. Continuons notre traversée de la vallée des dragons, à la rencontre de ses deux autres enfants…

Le dragon de la comparaison

La comparaison produit la convoitise et la dépendance du regard de l’autre, des autres.

Convoitise… Je veux être, faire, avoir ce que l’autre est, fait ou a.

Dépendance du regard des autres… Je n’arrête pas de scruter et d’interpréter ce que l’autre me renvoie.

Dans les deux cas, j’ai peur de ne pas être assez, de ne pas faire assez, de ne pas avoir assez
Je quitte ma propre lumière, ma propre note, mon unicité. J’abandonne à la comparaison et aux autres le pouvoir de définir si je suis acceptable ou non.

La Roue du Changement de Regard, que j’ai présentée dans 3 articles, permet de bien visualiser le mécanisme de la convoitise. 
Souvent, quand je suis témoin de la compétence, de la réussite, du bonheur de quelqu’un d’autre, j’ai tendance à me sentir « rayé ». Comme si la lumière de l’autre me mettait dans l’ombre, la grandeur de l’autre faisait que je me sente petit… 
Cela peut se passer même si je ne désire pas avoir ce que l’autre possède, ni être ce que l’autre est. Je suis dans la comparaison, comme si « OU toi… OU moi » est dans la lumière, comme s’il y en a toujours un qui est plus et un qui est moins. 
La comparaison met l’un en position Majeure (transparent) et l’autre en position mineure (rayé).

Pour sortir de ce mécanisme violent et mortifère, il s’agit une fois de plus d’élargir mon regard :

  • ne pas laisser ce que je vois prendre toute la place ;
  • sortir de la comparaison, «OU… OU… », pour entrer dans la complémentarité, «ET… ET… ». 
    Et toi, tu as tel transparent/rayé, et moi, j’ai tel autre transparent/rayé. Nous ne sommes pas égaux, nous sommes différents. Si je le vis dans l’équivalence, je pourrais non seulement me réjouir des compétences / réussites / bonheurs / transparents de l’autre, mais aussi des miens… Et surtout goûter à la jubilation créatrice de nos synergies.

« Le contentement apporte le bonheur, même dans la pauvreté. 
L’insatisfaction apporte le malheur, même dans la richesse. 
Il n’y a pas de pire fléau que l’esprit de convoitise. 
Comme l’a affirmé un ancien Maître de la sagesse : 
« Le bonheur, c’est de continuer de désirer ce qu’on possède déjà ! » »

Frédéric Lenoir [1]

Marc, directeur IT dans une PME, témoigne :

J’ai longtemps été prisonnier et le suis certainement encore un peu de la comparaison. Depuis mon plus jeune âge, mon éducation m’a forgé à être au sommet de la pyramide. La formule de calcul pour obtenir le résultat de sa propre valeur reposait uniquement sur la comparaison et le regard des autres : être premier de classe, gagner en compétition sportive, avoir un salaire plus élevé que la moyenne, et encore d’autres sortes de comparaison. J’en arrivais même à être prisonnier d’une compétition de comparaison avec moi-même poussant mon moi à atteindre une autre version de moi idéalisée. Dans le milieu professionnel, j’avais besoin d’être reconnu pour mes compétences : je me devais d’être le meilleur et surtout que ça se sache.
Derrière tout ça, se cache une grande tristesse car ce qui nourrit mon pseudo bonheur contribue fortement à mon véritable malheur.
C’est en apprenant progressivement à me libérer du regard des autres, à ne plus uniquement « faire » mais à « être », quitte à en décevoir plus d’un, que j’ai pu petit à petit arriver à un résultat similaire par un autre chemin qui m’est moins violent… et pour les autres aussi !

Une de mes expériences les plus récentes a été une mise en compétition involontaire, de la part de mon directeur général, avec un consultant externe. Mon DG pensait sincèrement allier nos compétences pour le bien commun de l’entreprise. Malheureusement, la relation que nous avons entretenue était clairement une compétition pour plaire. Ce consultant devait prouver sa valeur pour essayer d’être engagé à long terme et, de mon côté, je voulais montrer que j’avais ma place : la valeur de cette personne aux yeux de mon DG me mettait dans l’ombre ! Je trouvais la situation injuste car ses compétences dans certains domaines étaient en dessous des miennes. Longtemps, en me référant à ma formule de calcul de valeur, j’ai cru que mon capital valeur était diminué suite à l’arrivée de ce consultant. J’ai pu prendre conscience que cette formule était erronée et qu’il existe d’autres formules. Rien ne sert de comparer puisque nous sommes uniques. Partant de ce principe, je suis sorti de cette compétition pour plaire. J’ai essayé de collaborer et de coconstruire avec ce consultant… et cela a porté ses fruits !

Voici trois pistes pour me libérer de ce dragon de la comparaison

1. Me « baigner » dans ma « propre valeur »

La vraie sécurité est celle que je cultive en moi dans la confiance. Cette assurance que ma vie a de la valeur, que j’ai de la valeur quoi que je fasse, quoi que je possède, quoi qu’il m’arrive. Les gens qui m’aiment, ceux qui « me grandissent » réellement, sont là pour me le rappeler : ma propre valeur n’a rien à voir avec ce que je fais ou ne fais pas, réussi ou rate, avec l’approbation / l’indifférence / la critique (le regard) des autres. Je suis, avec mes qualités et mes limites, ma lumière et mon ombre… Je SUIS et C’EST SUFFISANT ! 

« Rien n’a autant transformé ma vie que de comprendre que c’est une perte de temps (et un obstacle majeur à la vulnérabilité) d’estimer sa propre valeur à la réaction des gens. Ceux qui m’aiment sont là, quels que soient les résultats. »

Brené Brown[2]

2. Renoncer à la comparaison et à l’exclusion

Apprendre à connaître de plus en plus ma propre lumière et à la développer…

« C’est lorsqu’un homme découvre, à un moment et dans un lieu précis, qu’il est seul à pouvoir occuper pleinement ce moment et ce lieu, que lui apparaît le prix incomparable de la vie qui est entre ses mains. Alors seulement, il peut voir l’autre, différent de lui, comme lui, unique : et le moindre de ses actes, parce qu’il est le seul à pouvoir le poser, prend une valeur universelle »

(Auteur inconnu)

Accueillir la lumière spécifique de l’autre et l’aimer… Aimer, c’est révéler à l’autre qu’il a une valeur, c’est lui dire : ‘je me réjouis de ta présence’… 

Me laisser déplacer par ceux qui me dérangent, par ceux qui sont si différents de moi,  chercher et apprivoiser leur lumière.

3. Passer de la convoitise à la complémentarité et au service

Plutôt que d’être fragilisé par ce que l’autre est, fait ou a que je n’ai pas, me réjouir de la merveilleuse équipe que nous pouvons former ; goûter le confort et la sécurité de pouvoir compter sur lui et ses talents ; me mettre avec mes talents à son service et au service du projet commun. Passer d’un monde où je devais m’en sortir seul, à un monde où nous nous en sortons ensemble. 
Dans la logique de comparaison, plus les différences sont grandes, plus c’est difficile et plus j’évite les autres. Dans la nouvelle dynamique, c’est l’inverse : l’expérience de  l’enrichissement mutuel et des synergies me pousse à rechercher la compagnie des autres !

Dans mon travail en entreprise, à une époque, j’ai fait équipe avec quelqu’un qui a un type de personnalité avec laquelle j’ai toujours eu des difficultés jusqu’alors. En plus, il est vraiment très fort dans son style, un « champion ». Avec lui, nos différences, au lieu de s’opposer et de s’affronter, se sont complétées au service de notre mission. Quand on avait besoin de ses forces, je lui laissais prendre le gouvernail. Quand les miennes étaient nécessaires, il me passait la barre. Quel confort pour chacun ne pas devoir assumer quelque chose dans lequel il n’est pas très bon et où l’autre est bien meilleur. Quel ajustement, quelle efficacité, comme un équipage qui tirerait le meilleur de son voilier et des conditions météo !

Le dragon de l’idolâtrie

Quelles que soient nos convictions, nous avons tous des idoles. Les idoles peuvent être des choses, des personnes, des idées ou des valeurs auxquelles je donne un pouvoir sur moi et dont je me rends esclave. 

Pour mieux le comprendre, prenons un exemple concret, celui d’une des idoles les plus répandues dans notre monde actuel : l’argent.

Au départ, l’argent est un moyen. Dès qu’il sort de ce rôle, il devient une idole. De quelle manière ? L’argent est un médium privilégié pour nos projections inconscientes. Il accepte les projections matérielles : quand j’aurai plus d’argent, j’aurai… une belle voiture, une maison, des vêtements, un voyage… ; et immatérielles : quand j’aurai plus d’argent, j’aurai… la sécurité, la liberté, le bonheur, la réussite…. Comme on parle rarement de notre relation à l’argent dans notre société, chacun construit ses projections sans risquer d’être interpellé par les autres. Ce qui renforce le mécanisme de projection car il n’est pas démasqué !

Par mes projections inconscientes, j’envoie en dehors de moi (sur l’idole) quelque chose qui fait partie de moi. Par exemple, si je donne à l’argent le pouvoir de me donner la sécurité, alors la sécurité n’est plus en moi. Elle est en dehors, dans ce médium à qui j’abandonne mon pouvoir… Une idole en quelque sorte, qui me prend mon autonomie : ma sécurité dépend de la quantité d’argent que je possède, au lieu de dépendre de ma capacité à bien vivre la situation dans laquelle je me trouve quelles que soient mes ressources financières. 

Si je projette sur l’argent quelque chose de positif (la réussite, la sécurité…), j’aurai inconsciemment une tendance à vouloir capter, amasser l’argent… Je n’en aurai jamais assez ! Dès qu’un objectif sera atteint, un autre plus élevé surgira aussitôt, car ce médium n’a en réalité pas le pouvoir de m’assurer ce que j’ai projeté sur lui. Si au contraire j’ai tendance à rejeter l’argent comme quelque chose de négatif (égoïsme, injustice, oppression…), je repousserai inconsciemment l’argent.  Il est aussi possible que, d’une part, je projette du positif et, d’autre part, je rejette l’argent. Je risque alors de courir vers l’argent et le repousser tour à tour.

Le grand drame est que dans ces trois cas (projection positive, négative et les deux ensemble), ces attitudes face à l’argent (ou à tous les autres médiums sur lesquels je me projette) sont inconscientes et compulsives, indépendantes de ma volonté et de ma responsabilité ! Le pouvoir n’est plus en moi : je l’ai abandonné à mon « idole » qui me conditionne.

L’argent, au lieu d’être un moyen au service de la vie de tous, devient une fin et m’entraîne dans un processus destructeur. Parce que les idoles sont aveugles, elles n’ont pas de conscience, pas de cœur, pas de pensée propre et pas de sagesse. Elles ne sont que des projections qui m’entraînent toujours plus en avant, toujours plus vite, dans un processus suicidaire qui s’emballe.

Le pouvoir et la réussite (être le premier, le meilleur, être parfait) sont d’autres idoles qui s’entendent bien avec leur complice « l’argent ».

Je peux transformer en idoles beaucoup d’aspects de ma vie : la beauté, la santé, toutes les idéologies, et même une autre personne, etc. 

Tant que je n’ai pas repéré mes idoles, ce dragon peut dormir en paix. Ma prison est tellement inconsciente, comme des murs en verre, invisibles.

Comment combattre ce dragon ? Il s’agit de me réapproprier ce que j’avais envoyé à l’extérieur de moi. Le reprendre en moi, l’accueillir consciemment et m’en responsabiliser.

Par exemple, je peux décider de ne plus confier mon bonheur à l’argent, reprendre en moi la responsabilité de mon bonheur et me rendre compte que « hier n’est plus, demain n’est pas encore, seul aujourd’hui est » … Que mon bonheur aujourd’hui dépend avant tout de mon regard et de ma capacité à danser avec la vie, quelle que soit ma situation financière. 

« Combien d’êtres humains passent l’essentiel de leur vie à se soucier de choses matérielles ou futiles et oublient de prendre le temps de vivre les expériences les plus essentielles : l’amour, l’amitié, l’activité créatrice, la contemplation de la beauté du monde ? Ils ne sont ni bêtes ni méchants, mais ignorants. Ignorants de ce que la vie peut donner de meilleur… et cela ne coûte rien ! Le superflu est onéreux mais l’essentiel est offert. Encore faut-il le savoir ! » 

Frédéric Lenoir[3]

Passer de l’avoir et du faire dans lequel m’ont projeté les idoles, à l’être… Savoir lâcher les biens et les idoles qui me lient pour faire la place à la relation avec moi-même, avec les autres et l’Âme du monde… Quel chemin de libération !

Témoignage du fondateur et CEO d’un projet de micro-réseaux en Afrique au sein d’un grand groupe énergétique international 

Ayant déjà traversé par moment des périodes de doute sur ma valeur et les ayant travaillés en coaching, j’ai pris conscience que mon retour en Belgique allait être un enjeu tout spécial à ce niveau. En effet, mon statut d’expatrié, dans un pays exotique, me renvoie une valeur très importante : un projet passionnant et d’avant-garde, une liberté d’action en tant que directeur- pays dans le projet entrepreneurial et les modes de gouvernance, un bon salaire et plusieurs avantages, des conditions et un style de vie confortables, des chouettes voyages et activités à portée de main… Moi qui aime les défis, les aventures et les extrêmes, je me dis souvent : « quand je me compare à d’autres, j’ai vraiment de la chance ! »

J’ai conscience de puiser actuellement une partie de ma valeur dans ce statut qui disparaîtra à mon retour… Est-ce cela ma vraie valeur ? Si j’identifie ma valeur à ce que j’ai réalisé professionnellement et personnellement à un moment de ma vie, je suis dans un processus d’idolâtrie. Quand j’aurai moins tout cela, à mon retour, je risque de tomber de très haut et d’avoir l’impression que je n’ai plus de valeur ! Ma vraie valeur n’est pas dans tous ses éléments extérieurs : c’est moi, à l’intérieur de moi, ce que je suis et que je pourrai aussi être dans la nouvelle situation même si l’extérieur en jette moins. J’aimerais que ma valeur intérieure et mon bonheur ne dépendent pas de ce que je fais, d’éléments externes. Je cherche cet art de vivre, d’être en paix quel que soit ce qui se passe autour de moi, dans le moment présent avec ce qu’il y a… art de trouver aussi cette même valeur chez les autres !

En conclusion, le dragon de la comparaison ne résiste pas quand je prends le temps de me plonger dans ma propre valeur, quand j’ose renoncer à la comparaison et à l’exclusion, quand je passe de la convoitise à la complémentarité et au service. 
Le dragon de l’idolâtrie disparait dès que je me réapproprie ce que j’avais envoyé à l’extérieur de moi et que je m’en responsabilise.

Vous avez envie d’ approfondir votre vraie valeur ? De connaitre votre mission de vie spécifique ?  Notre session « Cap sur ma Vie » est faites pour vous ! En savoir plus

Dans mon prochain article, nous terminerons cette traversée de la vallée des dragons par « le mur de l’impossible » qui débouche sur la découverte de « l’impossible-possible ».

D’ici là je vous souhaite un beau chemin avec vos dragons de la comparaison et de l’idolâtrie !

Benoît

Photos : Pixabay


[1] L’Âme du monde, Frédéric Lenoir, Pocket, 2012, p. 56

[2] Le pouvoir de la vulnérabilité, Brené Brown, Guy Trédaniel éditeur, 2014, chap.2, p. 69

[3] L’Âme du monde, Frédéric Lenoir, Pocket, 2012, p.52-53 

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L’auteur

Benoit Thiran

Benoit Thiran

Benoit Thiran, marié, père de 3 enfants, ingénieur commercial et de gestion, a derrière lui 29 années d’expérience professionnelle en gestion des relations et du changement, formation et coaching dans des secteurs très variés (multinationale, développement, non marchand, PME, projet BeLEAN à la SNCB). Il a une expérience particulière dans l’accompagnement des périodes de turbulences qui font partie du processus de transition pour aider les personnes et les groupes à découvrir le potentiel d’évolution qui s’y cache ! https://www.m-h-d.be/

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