6ème clé – Que faire avec ces petites voix qui parfois me découragent ?

par | 28 Avr 2022 | Développement personnel, Motivation, Non-violence active | 0 commentaires

Discerner les petites voix intérieures : celles qui nous mènent à la vie et celles qui nous mènent au doute, à la division, au blocage, à la souffrance… Et savoir que faire avec chacune !

Dans mon article précédent, « transformer les tensions en opportunités », nous avons abordé les contractions de la transition. Accueillir les fragilités, accepter les paradoxes et les passages difficiles apporte une force… Le levier n’est pas à l’extérieur, il est à l’intérieur de chacun ! Dans celui-ci, nous allons voir que faire avec ce qui se passe en nous durant ces contractions.

Discerner les petites voix intérieures

Comme vous le constatez, il y a plusieurs petites voix très différentes qui nous parlent en notre for intérieur.

Les unes nous mettent en joie, en confiance et paix. Elles nous confirment, nous éclairent, nous donnent les réponses dont nous avions besoin. Elles nous aident à être présent et patient, même si la réponse, la solution, le dénouement ne sont pas encore là. Elles nous font sentir la justesse et la cohérence de notre engagement et de notre chemin de transition, combien il s’intègre dans un torrent de Vie beaucoup plus grand. Elles nous soutiennent, nous encouragent à continuer et à nous ajuster sans cesse. Ce sont les petites voix de la Vie !

Les autres voix nous mettent dans le doute, nous disent que nous nous sommes trompés, que nous ne valons rien. Elles nous donnent l’impression que la réalité, c’est-à-dire tout ce que nous avons fait et cru, n’est qu’illusion. Ces voix détruisent, divisent, nous mettent dans un état de souffrance, nous donnent même parfois envie de mourir. Ce sont les petites voix du mensonge et de la mort ! Elles se sont probablement déjà manifestées dans notre chemin de transition, dans la quatrième étape, la traversée de la vallée des dragons. Mais dans l’étape actuelle, elles semblent être les plus fortes. Elles prennent souvent toute la place, au point que parfois nous n’entendons plus les petites voix de la Vie… les forces de mort semblent être toutes puissantes, avoir tout envahi ! Dans ce moment crucial, une seule attitude peut nous sauver et nous permettre de continuer le chemin…

Ne pas dialoguer avec ces petites voix du mensonge et de la mort

Leur mécanisme est bien connu : elles prennent un élément bien réel, qui n’est pas une illusion, qui fait partie de nos limites, nos faiblesses, nos erreurs, nos doutes, ou des risques et dangers dans l’environnement ou dans notre chemin de transition ; et elles parviennent à lui donner toute la place en nous, à le grossir comme si on zoomait dessus, comme quand, sur nos ordinateurs, nous cliquons sur un élément d’une page et que seul celui-ci apparaît.

Renaud de Froidmont, Head of Atelier Central de la Dorsale (SNCB)l, témoigne :

Je me souviens de l’époque où je devais communiquer et négocier avec tous les intervenants un changement fondamental niveau du temps de travail : entrer dans un travail à pauses, la nuit et le week-end. La tension était très forte autour de moi. J’étais plutôt avec des énergies basses, une difficulté de me lever le matin, l’impression que tout pouvait tomber à l’eau… Il y avait aussi beaucoup de « petites voix » qui m’assaillaient à l’intérieur : « de toute façon, ça ne marchera pas », « c’était un beau rêve ce travail collaboratif », « tu t’es trompé », « tu es dans l’illusion », « je n’ai pas été capable de les amener plus loin », etc. J’ai réussi à ne pas me laisser envahir, ni à « discuter » avec ces petites voix, à rester ancré dans le fait que notre travail collaboratif et ma valeur personnelle ne sont pas liés à la réussite de cette négociation. J’ai retrouvé mon énergie et ma clairvoyance. J’ai cherché en quoi ce passage difficile me donnait des opportunités, des leviers pour faire passer cette nouvelle manière de travailler ensemble. Je sens combien quand mon ancrage est bon, je ne suis pas emporté par la tempête, je donne une ancre à tout notre bateau !

Lorsque nous démantelons les blocages qui nous emprisonnent, nous libérons notre pouvoir d’action et nous ouvrons un passage pour ceux qui nous entourent.

Conte : Les petites voix… Moteurs

Un jour, sur une lande nue, une tribu de grenouilles nomades croisa un puits sec.
Toutes l’évitèrent, sauf deux. Ces turbulentes étourdies dégringolèrent dans le trou. Il était obscur et profond. Elles s’échinèrent à bondir, à tenter d’agripper des herbes, des bouts de roc sur la paroi.
Leurs compagnes, en haut, leur crièrent :
– Pauvres sœurs, vous êtes perdues ! Nous n’avons ni corde ni perche pour vous sortir de ce tombeau. Dieu vous garde, résignez-vous !
Les deux s’acharnèrent pourtant, s’accrochant à tout et à rien, appelant le ciel au secours.
– Inutile, hurlaient les autres, c’est sans espoir, la mort vous tient, même la reine des grenouilles ne pourrait bondir aussi haut. Il vous faut accepter le sort. Oh, nous sommes bien peu de choses !
L’une des deux, à bout de forces, bondit une dernière fois, tomba, soupira et mourut. L’autre, follement, s’acharna avec une vigueur si farouche et hargneuse qu’elle agrippa enfin le bord. Elle se hissa dehors, épuisée, haletante.
– Mais comment as-tu fait ? lui dirent ses compagnes.
– Je ne vous entends pas, répondit la sauvée. Je suis sourde des deux oreilles. Mais je vous ai vues, tout là-haut, nous encourager tant et tant que j’aurais bien, foi de grenouille, attrapé la main du bon Dieu !

Chaque fois que nous sommes plongés dans l’épreuve, la souffrance, la violence, une forme de mort,
chaque fois que nous n’entendons plus les petites voix de la Vie,
chaque fois que nous sommes assaillis par les petites voix du doute, du mensonge et de la mort…
Faire mémoire de ce que nous ont dit les petites voix de la Vie peut nous aider.
Voilà pourquoi il est utile de le noter au moment où nous l’entendons.
Il est indispensable de ne pas dialoguer avec les petites voix de la mort, d’oser leur dire : « Tais-toi et sors de moi ! »

Cette attitude peut être difficile à comprendre et/ou à accepter pour ceux qui cheminent dans la spiritualité bouddhiste ou la pleine conscience. Ils peuvent avoir l’impression que je leur propose de résister/rejeter ce qui se passe en eux plutôt que de l’accueillir. Je dois clarifier ici un lien essentiel avec la 4e clé, « apprivoiser mes dragons ». En réalité, je vous propose de vous centrer sur vos sensations et de les accueillir (cf. TIPI dans la 4ème clé), ce qui est précisément la voie révélée par le bouddha et enseigné dans la pleine conscience… Et de ne pas écouter/dialoguer avec ce que ces approches nomment votre mental ou votre ego. Cela demande engagement, courage, audace, persévérance, fermeté : toutes les caractéristiques d’un vrai engagement !

Pour les personnes qui cheminent dans la spiritualité chrétienne, il y a un lien avec ce que la Bible nomme les esprits impurs ou contaminés, le malin, le diable (= celui qui divise, qui introduit le doute). Dans l’Évangile, l’attitude de Jésus est sans équivoque : il ne discute pas, ne négocie pas avec elle, il les chasse pour libérer la personne qui est possédée (prisonnière de ces petites voix).

Je ne connais pas les liens dans les autres spiritualités, mais il y en a certainement un. Ce n’est pas un hasard si je parle ici des spiritualités : elles essayent de nous transmettre les clés de ce passage tel que nos prédécesseurs l’ont expérimenté.

De l’ajustement intérieur de chacun dépend l’évolution du monde extérieur

N’oubliez pas qu’il s’agit d’un réel engagement, pas seulement à l’extérieur, dans le monde, mais à l’intérieur de nous… l’engagement n’est pas contre des personnes contre qui il faudrait gagner, il est d’abord à l’intérieur de chacun. Vous êtes en train d’ouvrir ou d’élargir le chemin. Personne d’autre ne peut le faire à votre place pour vous et vous ne pouvez le faire à la place de personne d’autre. Vous n’avez pas de télécommande pour les guider dans ce passage : votre seule responsabilité, votre plus grand levier et votre contribution est de passer vous-même.

« Il y a des fuites qui sauvent la vie : devant un serpent, un tigre, un meurtrier.
Il en est qui la coûtent : la fuite devant soi-même.
Et la fuite de ce siècle devant lui-même est celle de chacun de nous.
Comment suspendre cette cavalcade forcée sinon en commençant par nous, en considérant l’enclave de notre existence comme le microcosme du destin collectif ? Mieux encore : comme un point d’acupuncture qui, activé, contribuerait à guérir le corps tout entier ? »

Christiane Singer

Tant de personnes voudraient que les autres changent, se transforment… mais elles-mêmes ne font pas la traversée. Chaque fois que quelqu’un va jusqu’au bout, le passage s’élargit ! Comme l’eau capable d’ouvrir peu à peu une brèche dans la roche. C’est ainsi que les transitions passées se sont faites et que les nouvelles se feront aujourd’hui. Nous n’avons pas de moyen plus efficace et plus puissant que de traverser les douleurs de l’enfantement !

Ce faisant, nous participons à ce que certains appellent l’évolution de la conscience planétaire.

L’expérience du centième singe

Le centième singe est une expression désignant, à l’origine, un phénomène supposé par lequel un apprentissage se serait répandu depuis un petit groupe de singes à toute la population des singes de la même espèce, une fois qu’un certain nombre d’entre eux auraient été atteints. Lyall Watson, dans son livre Lifetide, rapporte le constat de scientifiques japonais ayant étudié des macaques sur l’îlot de Koshima au sud de Kyushu de 1952 à 1965. Une femelle appelée Imo, avait pris l’habitude de tremper les patates douces dans l’eau d’une main et de retirer le sable qui les couvrait de l’autre avant de les manger. En quelques années, les scientifiques ont observé que ce nouveau comportement s’était répandu à tous les jeunes singes de l’île par mimétisme.

À partir de ce constat, Lyall Watson initie cette nouvelle thèse de la « masse critique » en prétendant que ce comportement se serait répandu aux singes de toutes les îles avoisinantes sans qu’il y ait la moindre transmission visible et cela au moment où un nombre clé aurait été atteint, le fameux centième singe, à partir duquel l’espèce entière aurait acquis automatiquement un nouveau savoir. L’histoire a été rendue populaire en 1984 par Ken Keyes dans son livre « Le Centième Singe » où il applique le concept à l’ensemble de la société humaine. Depuis, l’histoire a été acceptée comme un fait et est apparue dans de nombreux ouvrages dont certains écrits par des universitaires.

La petite voix de la Vie nous invite à ouvrir un chemin de lumière, un chemin de surabondance d’humanité au sein des forces qui résistent et de la violence qui en découle.

« Un jour les enfants apprendront des mots qu’ils ne comprendront pas…
Les enfants de l’Inde demanderont : qu’est-ce que c’est la faim ?
Les enfants d’Alabama demanderont : qu’est-ce que c’est la ségrégation raciale ?
Les enfants d’Hiroshima s’étonneront : qu’est-ce que la bombe atomique ?
Les enfants de Tchernobyl diront : qu’est-ce qu’une catastrophe nucléaire ?
Les enfants des grandes métropoles d’Occident et d’Orient s’exclameront : qu’est-ce qu’un attentat terroriste ?
Et les enfants des écoles du monde entier demanderont : qu’est-ce que la guerre ?
Tu leur répondras, tu leur diras : ce sont des mots que l’on n’emploie plus, comme jadis diligences, galères ou esclavage. Des mots qui ne veulent plus rien dire dans la réalité d’aujourd’hui. C’est pourquoi on les a retirés du dictionnaire du monde entier… »

Jean Vernette

La violence : lieu de l’accouchement

La traversée décisive qui nous attend est comme le moment de l’expulsion durant un accouchement. Tout comme le bébé, nous pouvons croire que nous mourrons et pourtant c’est bien la vie qui nous attend de l’autre côté ! La violence est prévisible. Elle obéit à des mécanismes bien déterminés et somme toute facilement identifiables. J’en ai parlé dans la 2ème clé, « tout part du regard : il enferme ou libère ! ». Méconnus, ils peuvent se révéler terriblement efficaces et dangereux et nous faire perdre notre humanité profonde. Repérer comment ils opèrent dans les situations de transition, peut nous aider à traverser la violence en gardant le cap sur la Vie.

« Avoir de l’espoir, ce n’est pas croire que les choses vont se produire bien (bien se passer), c’est penser qu’elles auront un sens. »

Vaclav Havel

« J’ai en moi une immense confiance. Non pas la certitude de voir la vie extérieure tourner bien pour moi, mais celle de continuer à accepter la vie et à la trouver bonne, même dans les pires moments. »

Etty Hillesum

Avant de passer à la clé suivante, arrêtons-nous encore un instant et renommons autrement le message de cette 6ème clé, si difficile à croire et qui ouvre une porte si difficile à franchir !

Le lieu de la tension, du conflit, de la violence, ce lieu dont nous avons si peur, que nous évitons au maximum, est le lieu privilégié d’accouchement de notre humanité, le lieu par excellence où le potentiel de retournement de « la vie qui s’en va » vers « la vie qui vient » est de très loin le plus fort. Ce lieu que nous ne cessons d’éviter est le lieu où est retenue prisonnière la libération que nous espérons à travers notre transition.

Nous sommes comme le bébé : plus il se rapproche de l’expulsion, plus il croit qu’il est en train de mourir… mais lui n’a pas d’autre voie possible !

En résumé, le vrai danger pour chacun de nous est de perdre notre humanité profonde et la confiance en la bonté de la Vie et de l’être humain.
Apprendre à reconnaître les « petites voix de la Vie » et « les petites voix du mensonge et de la mort » : ne pas entrer en dialogue avec ces dernières…
Découvrir que le lieu de la violence, dont nous avons si peur et que nous faisons tout pour éviter, est le lieu privilégié d’accouchement de notre humanité et de la transition !


Dans mon prochain article, nous aborderons la 7ème et dernière clé de la transition : oser le pas sans assurance, ouvrir une brèche où la Vie pourra passer et célébrer les signes d’évolution.

Photos : Pixabay

POUR APPROFONDIR

Vous trouverez sur https://www.m-h-d.be/sept-cles-de-la-transition

  • Une présentation des 7 clés de la transition et un schéma résumé
  • L’accès à tous les articles que j’ai déjà publiés sur le sujet
  • La possibilité de télécharger gratuitement un E-book… une mise en bouche !

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L’auteur

Benoit Thiran

Benoit Thiran

Benoit Thiran, marié, père de 3 enfants, ingénieur commercial et de gestion, a derrière lui 29 années d’expérience professionnelle en gestion des relations et du changement, formation et coaching dans des secteurs très variés (multinationale, développement, non marchand, PME, projet BeLEAN à la SNCB). Il a une expérience particulière dans l’accompagnement des périodes de turbulences qui font partie du processus de transition pour aider les personnes et les groupes à découvrir le potentiel d’évolution qui s’y cache ! https://www.m-h-d.be/

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