Comment vivre la transition morts/vie ?
Dans l’étape précédente, « Ouvrir une brèche dans les blocages : 4 repères pour traverser les turbulences », nous avons exploré que faire quand des résistances ou des échecs se mettent en travers de notre chemin ? Cela peut être aussi l’impuissance ou la souffrance ?
Dans cet article, nous explorerons deux repères, et dans le suivant 4 autres, pour permettre à la vie de se frayer un passage…
Nous arrivons à la fin du chemin des 7 clés de la transition. Malgré les moyens pris, nous pouvons être confrontés à ce que nous ressentons comme un échec, comme une forme de mort… Cela peut générer en nous de la tristesse, de l’impuissance, de la peur, de l’inquiétude, voire de l’angoisse, qui sont autant de réactions automatiques de survie… Moment ô combien inconfortable !
Commençons par nous inspirer grâce à ce beau conte congolais…
La cage libre du perroquet
Après quelques années de cohabitation avec son perroquet, l’homme décide de retourner en Afrique. Avant de partir en voyage, il s’adresse à son perroquet et lui dit :
« Puisque je retourne en Afrique, as-tu un message à transmettre à tes amis les perroquets qui vivent encore dans la forêt ? »
« Vous pouvez leur dire que j’ai une très belle cage et que je suis bien nourri… »
À son arrivée en Afrique, l’homme s’empresse de retrouver les perroquets sauvages de la forêt pour leur transmettre le message de son oiseau de compagnie.
À sa grande surprise, un perroquet tombe raide mort en entendant le message de l’homme. Ce dernier devient vite convaincu que le perroquet qui vient de mourir devait être un ami très proche de son propre perroquet, voire un membre intime de sa famille.
En rentrant chez lui, l’homme annonce rapidement la triste nouvelle à son perroquet. En entendant les mots de son maître, le perroquet tombe raide mort dans sa cage.
Terriblement triste de ce qui vient de se produire, l’homme décide de sortir son perroquet de la cage et de lui offrir une digne sépulture. Le temps de construire la sépulture en bois, il le dépose sur le rebord de la fenêtre donnant une vue imprenable sur la ville…
Subitement, le perroquet s’envole et va se percher dans un arbre.
« Mais que fais-tu ?! Comment est-ce possible ? », hurle l’homme. « Tu m’as trompé… »
« Vous savez », répond l’oiseau, « le perroquet que vous avez vu en Afrique était certainement mon ami d’enfance. Et il m’a transmis, grâce à vous, un message très important. »
« Mais quel est ce message ? » demande l’homme.
« Il m’a rappelé que si l’on veut sortir de sa cage, il faut accepter de mourir pendant que l’on est encore en vie… savoir tomber pour mieux se relever ensuite… »
Mourir pendant que l’on est encore en vie
Comment traverser les ultimes contractions qui nous donnent l’impression que c’est la fin, que c’est perdu ?
Tout d’abord, en déliant ces deux impressions !
Oui, c’est la fin de quelque chose ! C’est donc aussi le début de quelque chose de nouveau…
Non, ce n’est pas sans issue !
Meredith Little et Steven Foster, un couple d’Américains, offraient leur écoute via un numéro de téléphone où les personnes ayant décidé de se suicider pouvait passer un dernier appel1. Ils ont pris conscience combien ces personnes vivaient une identification totale avec une part d’elle qui était en train de mourir, voire devait mourir…
Ce genre de prise de conscience peut nous être très utile chaque fois que nous sommes confrontés à une forme de mort : arrêtons-nous pour discerner ce qui est en train de mourir ou doit mourir ?
Dans ces moments, nous sommes très vulnérables aux « petites voix du mensonge et de la mort » (cf. 6ème clé). Elles ont tendance à mettre le doute en nous et à nous faire croire que ce n’est pas seulement une part de nous, de notre projet, notre groupe ou notre société qui meurt… mais l’entièreté ! Nous ne voyons plus par où la vie peut passer.
La première attitude et victoire se joue à l’intérieur de soi : ne pas capituler. Pour cela, rappelons-nous :
- Rester souple, sans raideur, ni résistance, « danser avec la vie » (cf. 3ème clé)… avec ce qui est là.
- Sortir du mimétisme et agir différemment de ce qu’on m’a fait subir
- Sortir des ping-pongs d’accusations ou de vérités, résister à l’envie de me justifier ou de filer à la solution (cf. les 3 articles de la 2ème clé de la transition).
- Oser habiter le silence plutôt que de risquer de nourrir l’escalade. Le silence en cet instant peut nous aider à aller au cœur du problème, à laisser se révéler ce qui fait obstacle à la vie. Quand les bruits intérieurs et extérieurs s’estompent, bien souvent nous sortons petit à petit de la confusion et notre vision s’éclaircit. Comme je l’ai expliqué dans mon article « Relâcher la pression… Golden-pauses », quand nous échappons à la pression, un réseau neuronal particulier s’active, que les neuroscientifiques ont baptisé le « réseau du mode par défaut ». C’est alors que nous produisons nos meilleures intuitions… Notre cerveau s’occupe simplement de l’essentiel.
Quand tu as l’impression que la vie t’éparpille en mille morceaux, quand tous tes repères s’envolent, alors transforme-toi en arbre.
Mélissa Da Costa2
- Quand je vois plus clair, je peux alors oser des paroles vraies, même si j’ai peur des conséquences qu’elles peuvent avoir.
Ce sont mes attitudes, le don de moi-même, mon regard ouvert, mes silences, mes paroles vraies, ma persévérance dans cette transition qui parleront pour moi. Elles pourront interpeller les consciences et agir comme un révélateur.
« Quand je désespère, je me souviens qu’à travers toute l’histoire, les chemins de la vérité et de l’amour ont toujours triomphé. Il y a eu des tyrans et des meurtriers, et parfois ils ont semblé invincibles, mais à la fin, ils sont toujours tombés. Pensez toujours à cela. »
Gandhi
Oser le pas-sans-assurance
« Se libérer du connu, c’est mourir, et alors, on vit. »
Krishnamurti3
Face à ce qui me donne l’impression d’être la mort, je suis invité à oser le pas sans assurance, le choix qui s’offre à moi est simple :
- soit je choisis la vie-jusqu’au-bout et j’ose le pas-sans-assurance,
- soit je me débats, je fuis, j’essaye de me sauver, je quitte la Bonne Puissance et mon chemin de transition, ce qui revient à choisir un chemin de mort !
La mort n’est pas là où je le croyais : je vais découvrir, là où je pensais la rencontrer, une autre réalité invisible jusqu’alors…
En osant de la sorte m’engager dans ce que j’ai cru être un lieu de mort, je découvre qu’il se révèle beaucoup plus positif que ce que j’avais imaginé. Il est vide de la mort et plein de la vie ! Après ce que nous appelons la mort, vient immanquablement la vie. La mort appelle la vie. C’est une loi de la nature. Nous sommes en permanence plongés dans des cycles « vie – perte – revie » ou « naissance – mort – renaissance ».
Je voulais parler de la mort, mais la vie a fait irruption, comme d’habitude !
Mélissa Da Costa
Ainsi, en osant la traversée jusque dans mes morts, je permets à la vie de passer pour moi-même et pour beaucoup d’autres !
NOTES
- Le « Marin Suicide Prevention Center » ↩︎
- Mélissa Da Costa, Tout le Bleu du ciel, Le Livre de Poche, 2020 ↩︎
- Sagesses, 365 pensées de maîtres de l’Inde, Danielle & Olivier Föllmi, éditions de La Martinière, 2004 ↩︎
PHOTOS : Unsplash et Pixabay
POUR APPROFONDIR
Vous trouverez sur https://www.m-h-d.be/sept-cles-de-la-transition
- Une présentation des 7 clés de la transition et un schéma résumé
- L’accès à tous les articles que j’ai déjà publiés sur le sujet
- La possibilité de télécharger gratuitement un E-book… une mise en bouche !
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