Comment gérer son perfectionnisme ?

par | 25 Mai 2022 | Développement personnel, Gestion d'équipe | 1 commentaire

Etes-vous perfectionniste ? Est-ce une qualité ou un problème ? L’êtes-vous un peu, beaucoup, à la folie ? Si c’est le cas, cet article est pour vous, car si ce n’est pas vous qui gérez votre perfectionnisme, c’est lui qui vous gérera…

Vous clarifierez les bons et les mauvais côtés du perfectionnisme, son impact sur vous et sur les autres. Vous découvrirez quatre outils pour en faire un levier plutôt qu’un frein.

C’est quoi le perfectionnisme ?

D’après Wikipédia :

« Le perfectionnisme, en psychologie, consiste à se comporter comme si la perfection pouvait et devait être atteinte. Sous sa forme extrême, pathologique, le perfectionniste considère toute imperfection comme inacceptable. »


… et comme la perfection n’existe pas, le perfectionniste risque d’être un éternel insatisfait.

Suis-je perfectionniste ?

Beaucoup de personnes sont perfectionnistes sans le savoir.
Pour nous aider à en prendre la mesure, Marion Martinelli (psychologue), propose 10 affirmations. Répondez simplement par oui ou non à chacune d’entre elles et comptez le nombre de oui que vous obtenez. Voici les 10 affirmations :

  1. Je dois être le ou la meilleure dans tout ce que je fais. Je ne peux pas me contenter de faire quelque chose d’assez bien.
  2. Quand je réussis quelque chose, je ne prends pas vraiment plaisir à mon succès tant je suis déjà lancé sur la tâche d’après.
  3. Je dois apparaitre sous mon meilleur aspect la plupart du temps.
  4. Le temps qui passe me fait peur.
  5. Je suis quelqu’un de très compétitif et je me compare souvent aux autres.
  6. Il y a tellement de choses à faire et si peu de temps pour les faire.
  7. Je m’impose tellement de choses que ma santé en souffre.
  8. J’ai tellement de choses à faire qu’il ne me reste plus de temps pour me détendre. Même ma vie sociale en souffre.
  9. Souvent, je me dis que je peux faire mieux. Je me mets la pression tout seul pour faire les choses et les réussir.
  10. Je réagis mal à la critique et je n’arrive pas à présenter des excuses pour les erreurs que j’ai commises.

Si vous comptez plusieurs oui, il se peut que le perfectionnisme vous entraine régulièrement dans des situations difficiles ou pour le moins inconfortables pour vous ou pour vos proches.

Le bon perfectionnisme et le toxique…

Beaucoup de managers et de dirigeants sont perfectionnistes. Je les retrouve dans mon bureau quand, après avoir été poussé par leur perfectionnisme à réaliser de grandes choses, ils ont gagné l’estime de leurs supérieurs et par conséquent leur poste de dirigeant. Très vite, dans leur rôle de manager, ils sont confrontés au côté sombre de leur perfectionnisme.

La lumière…

Le perfectionnisme nous aide à nous dépasser. Il ne se contente pas du minimum, il exige de la qualité. Ce trait de caractère nous booste donc à aller plus loin et à fournir un résultat de haut niveau. Si vous êtes manager et que vous avez un perfectionniste dans votre équipe, vous savez que vous pouvez compter sur lui, que le travail sera fait et bien fait. Il y investira le temps nécessaire et bien plus.

C'est parfait

Si j’utilise mon perfectionnisme pour m’indiquer comment faire mieux et aller plus loin, sans lui laisser le volant de ma vie, tout se passe bien. A partir du moment où je lui laisse prendre la direction des opérations, les choses peuvent se gâter pour moi comme pour les autres.

L’ombre…

Pour le perfectionniste, le danger réside dans l’idéal, par définition inatteignable, qu’il se fixe pour lui-même. Comme il veut l’impossible, il aura tendance à investir (perdre ?) un temps disproportionné dans ce qu’il fait sans être capable d’en tirer une réelle satisfaction. Il n’est jamais content car ce n’est jamais assez bien.

Le perfectionnisme est aussi une des causes de la procrastination : comme je ne suis pas sûr d’arriver à un résultat parfait, j’attends avant de m’y mettre de savoir exactement comment faire pour arriver à la perfection. Bien évidemment, je n’y arrive pas et donc je ne m’y mets pas. Ou encore, je préfère être critiqué pour n’avoir rien fait, que de l’être pour un travail qui ne serait pas parfait.

Soit c’est parfait, soit c’est nul et donc je suis nul.

Pour éviter ce dénouement, mieux vaut ne rien faire.

Pour ses collaborateurs, le perfectionniste peut à l’extrême devenir un tyran, jamais content, incapable de reconnaissance, soulignant la moindre virgule de travers. Son attitude génère soit la soumission et la passivité de ses collaborateurs, soit leur révolte : c’est le clash.

Les causes du perfectionnisme

Comme bon nombre de comportements, le perfectionnisme trouve souvent ses racines dans notre enfance en réponse, par exemple, à l’exigence d’un ou des deux parents. L’enfant enregistre que pour être aimé, il doit être parfait. Comme cet idéal n’est pas atteignable, il cultive en lui une angoisse qui sert de fuel a son perfectionnisme. Par la suite, le perfectionnisme sera une réaction à notre peur d’être critiqué, d’être rejeté ou tout simplement d’échouer.

viser la lune

Le perfectionnisme peut également être une défense à un environnement que je perçois comme hostile. Pour éviter toute critique, je m’efforce d’être parfait, de décrocher la lune.

Enfin la cause peut être liée à une personne qui a vis-à-vis de moi des exigences démesurées.

Détecter l’intention qui me pousse à faire encore mieux

Pour Marion Martinelli :

« Ce n’est pas le comportement qui est problématique,
c’est l’intention qui motive ce comportement.
»

Pour nous aider à détecter cette intention sous-jacente, je vous invite à compléter la phrase suivante :

« Si je ne fais pas les choses parfaitement… »

Prenez le temps de laisser cette phrase raisonner en vous et d’accueillir les mots qui viennent pour la terminer. Faites-le sans vous juger. Ce qui ressort de votre inconscient n’est ni bon ni mauvais, c’est ce que vous en faites qui compte.

Ces intentions peuvent être classées en deux catégories : d’une part le désir d’éviter quelque chose ou d’autre part celui d’obtenir autre chose. Pour l’un, il s’agit d’éviter l’échec et la honte qui s’en suit ou encore le rejet. Un autre aura pour intention d’obtenir de la reconnaissance, d’être remarqué, d’être admiré, d’être aimé tout simplement.

Une fois que vous avez débusqué les intentions à l’origine de votre perfectionnisme, questionnez-les. Voici quelques questions qui vous aideront à avancer sur ce chemin :

  • Pourquoi ?

Une intention peut en cacher une autre. En posant la question du pourquoi de votre intention, puis du pourquoi de l’intention derrière votre intention, vous arriverez à une intention fondamentale pour vous. C’est celle que je vous invite à considérer.

  • Le perfectionnisme est-il une bonne stratégie pour cette intention ?

Si mon intention profonde est d’être aimé et apprécié, je peux constater que mon perfectionnisme est apprécié par mon patron.

  • En quoi mon perfectionnisme va-t-il à l’encontre de cette intention ?

S’il est vrai que mon patron apprécie la qualité irréprochable de mon travail, mes collaborateurs ont de plus en plus de mal à supporter mes critiques constantes de leur travail. Ils trouvent que je ne suis jamais content. Ils pourraient en arriver à me détester…

  • Quelle meilleure stratégie que le perfectionnisme puis-je utiliser pour combler mon intention ?

Pour que mes collaborateurs m’apprécient comme manager, je pourrais les aider à faire du bon travail, non plus en les critiquant sans cesse, mais en soulignant leurs réussites et en leur montrant comment progresser.

Quatre outils pour transformer son perfectionnisme

1er outil : fixer une limite inférieure acceptable

Toutes nos actions se situent entre une limite inférieure, le minimum acceptable, et une limite supérieure, l’idéal. Le perfectionniste en nous a tendance à placer le minimum acceptable au niveau de l’idéal. Il doit prendre conscience que l’idéal est la plupart du temps à un coût exorbitant et souvent même inatteignable. La solution est donc de se fixer un minimum acceptable bien distinct de l’idéal.

Si je prends par exemple cet article, l’idéal serait que le titre soit irrésistible. L’image utilisée en tête d’article devrait être tellement frappante qu’elle donne envie de cliquer rien qu’en l’apercevant. Le texte ne devrait bien sûr ne comprendre aucune faute d’orthographe. Tant les hommes que les femmes devraient se sentir à l’aise à sa lecture sans passer par l’écriture genrée qui (selon moi) rend la lecture moins fluide…

Auparavant, il m’arrivait souvent de passer plusieurs heures à trouver cette photo idéale, de triturer le titre pour arriver à la formule qui interpelle, de relire un nombre incalculable de fois le texte à l’affut de la dernière faute d’orthographe sans jamais arriver à cet idéal. Je gardais toujours cette impression de ne pas y arriver.

Aujourd’hui, je me mets des limites. Si après 15 minutes de recherche je n’ai pas trouvé la photo idéale, je prends celle qui m’inspire le plus. Je fais pareil pour le titre. Au niveau des fautes d’orthographes, je relis le texte deux fois, parfois trois sachant qu’il reste probablement l’une ou l’autre coquille. Je remercie au passage celles et ceux qui m’indiquent les fautes restantes de sorte que je puisse les corriger.

Et vous ? Qu’est-ce que cela signifierait pour vous de vous mettre un minimum acceptable, un niveau satisfaisant sans être idéal ? Prenez les tâches qui vous prennent beaucoup trop de temps ou celles que vous procrastinez par peur de ne pas arriver à la perfection et faites l’exercice.

2ème outil : la vulnérabilité

Le perfectionnisme est une carapace, une armure que nous revêtons pour apparaitre tel que nous croyons devoir être pour que les autres nous aiment, nous acceptent, nous reconnaissent… Comme expliqué plus haut, cette stratégie a aussi des conséquences négatives.
Faites l’expérience de la vulnérabilité. Enlevez votre carapace : commencez par exprimer vos doutes, vos questions, par partager vos limites et vos peurs. Parlez de vos erreurs et observez comment les autres réagissent.

Vous pensez qu’ils vous regarderont de haut ou qu’ils n’auront plus de considération pour vous ?

Au contraire. Quand nous avons en face de nous quelqu’un avec une grosse armure, nous nous sentons en danger. Par contre, s’il vient sans défense, vulnérable, nous sommes rassurés et dès lors, nous aussi, nous pouvons être vulnérables et authentiques.

3ème outil : solliciter la critique sans réagir

Beaucoup de perfectionnistes acceptent difficilement la critique et les feedbacks. Lorsque quelqu’un remet en question ce qu’ils ont fait, il se sentent eux-mêmes remis en question. Ils ont tendance à s’identifier à ce qu’ils font. Soit, ils se défendent avec agressivité en rejetant les critiques, soit ils s’effondrent.

Il s’agit donc de dissocier ma valeur de ce que je fais. La critique est donc un cadeau, un levier indispensable pour que je puisse apprendre et évoluer.

Pour vous aider à entrer dans cette logique, je vous invite à solliciter la critique en décidant au préalable d’écouter sans vous justifier. Pratiquez l’écoute active :

  • Posez des questions pour que votre interlocuteur puisse approfondir sa critique et que vous compreniez bien ce qu’il pense et ce qu’il ressent ;
  • Reformulez ce que vous avez entendu et demandez à votre interlocuteur si c’est bien ce qu’il a voulu dire ;
  • A la fin de l’échange, faites-en une synthèse en demandant à nouveau si vous n’avez rien oublié;
  • Remerciez votre interlocuteur pour le cadeau précieux qu’il vous fait et surtout ne vous justifiez pas.

Vous verrez que le fait d’avoir décidé avant d’entamer cette discussion de ne pas réagir aux critiques vous facilite la tâche : vous n’avez qu’à écouter. Il ne s’agit pas de savoir qui a raison ou qui a tort, il s’agit de rejoindre l’autre dans ce qu’il vit.

4ème outil : Pareto

L’économiste italien, Vilfredo Pareto, s’est penché sur la fiscalité dans divers pays européens à la fin du XIXème siècle. Il a constaté qu’en moyenne 80% des recettes étaient générées par 20% des contribuables. La désormais célèbre loi de Pareto est aujourd’hui appliquée à bien des domaines en constatant que 20% des causes produisent 80% des effets.

Pour le perfectionniste, il s’agit de prendre conscience qu’avec 20% de l’effort nécessaire pour arriver à quelque chose, il atteindra un résultat de 80%. Par contre, s’il poursuit son chemin en se laissant mener par son perfectionnisme, il lui faudra 80 % d’efforts en plus pour atteindre les 20% de résultats manquant, soit 5 fois plus d’efforts et de travail pour arriver à un résultat de 100%.

Le problème de cette loi pour les perfectionnistes, c’est que, pour eux, un travail réalisé à 80%, n’est pas un travail terminé. Ce n’est donc pas acceptable. Je vous invite donc à changer l’énoncé en ne parlant plus de pourcentage mais d’évaluation.

Visez la grande distinction, c.à.d. un 8/10. C’est un excellent résultat. Vous l’obtiendrez en investissant 20% du temps nécessaire pour arriver à 10/10. A vous de voir si ce que vous gagneriez en allant jusqu’au 10/10 vaut 5 fois le prix du 8/10. Surtout, prenez conscience de tout ce que vous perdrez en investissant 5 fois plus que ce qu’il ne faut pour obtenir la grande distinction : du temps avec celles et ceux que vous aimez, du temps pour prendre soin de soi, du temps pour apprendre, du temps et de l’énergie pour se donner à des causes qui en valent vraiment la peine…

Pareto

N’oubliez pas :

« Fait vaut mieux que parfait »

Je nous invite dès lors à découvrir « Le merveilleux monde de l’imperfection ».

Que votre vie soit belle,

Pierre

Des pistes pour aller plus loin :

Sources :

Photos : DigiPD, StockSnap, Tumisu, Tumisu.

1 Commentaire

  1. A titre personnel, lorsque je m’apercois que je deviens perfectionniste, je me demande si je ne perds pas du temps a la personne qui va utiliser mon materiel. En etant perfectionniste, j’ai l’impression que ca va prendre 2 ou 3 fois plus de temps et que ce « client », s’il est conscient de tout ca, serait quand meme bien content d’avoir un peu de mon travail des maintenant. Bref, je tente des approches iteratives 🙂

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L’auteur

Pierre de Lovinfosse

Pierre de Lovinfosse

Coaching individuel, de groupe et formations. Il s’est donné pour mission d’aider les dirigeants à mettre leur entreprise au service de l’humain : l’entreprise comme ressource pour l’humanité, plutôt que l’homme comme ressource pour l’entreprise. Il s’intéresse tout particulièrement à la problématique du leadership qui constitue son sujet principal de coaching et de formations. https://www.effatacoaching.com

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