Nous revenons de 14 jours de vacances dans les Pouilles. J’ai à cœur de vous partager quelques perles vécues en lien avec ma recherche pour « faire du temps mon ami ». Je les agrémente de citations de Christiane Singer1, sorties de son livre « Derniers fragments d’un long voyage ». Elle nous y partage son chemin de vie depuis qu’un médecin lui a annoncé son cancer et qu’elle n’a plus que 6 mois à vivre.
Faire de la vie un haut lieu d’expérimentation…
Toute ma vie, une seule nostalgie : partager ce dont je fais l’expérience, ce que je vis.
Rien qui m’appartienne en propre. Tout est expérience qui nous concerne tous.
S’il restait 6 mois à vivre… ?
Trois jours avant notre départ, Ariane a dû faire un PET-scan. Elle a un petit module dans les poumons qui a grandi de 18% en 6 mois. Si nous découvrions qu’Ariane avait un cancer des poumons, c’est-à-dire peu de temps à vivre, que ferai-je, que ferions-nous ? Ce n’est pas le cas heureusement, mais la question et le changement du rapport au temps nous ont accompagnés…
S’éprendre du jour neuf, laisser l’intelligence de la vie se déployer.
Chaque jour doit être une création totalement nouvelle.
Accepter de prendre le temps
Nous avons décidé de faire le trajet jusqu’à Lecce en train. Un jour et une nuit… Expérience intéressante pour entrer dans une autre relation au temps, accepter de prendre le temps, le voir défiler par les fenêtres du train, accentué par la diversité des paysages qui rend le temps palpable… il ne s’agit plus seulement de chronos, un temps mesurable, mais d’une expérience presque physique du temps qui passe. Cela n’empêche pas qu’à certains moments, cela paraisse long !
Nous avons traversé de nombreuses régions, que je ne connaissais pas du tout… émerveillés par la beauté et la variété de la création… interpellés par les différences visibles de mode de vie et de cultures. Je me suis rendu compte combien l’avion participait à l’accélération du temps et à une certaine uniformisation, qui nous donne une sensation de sécurité : nous percevons moins le côté « loin », en kilomètres et en différences.
Tu ne perds pas ton temps, tu le vis… Tout est vie !
La force de la disponibilité… c’est elle qui engendre les possibles.
Dans ce rythme attentif, rien n’est insignifiant.
Temps long ? Temps court ?
Durant une balade, le long des falaises qui bordent la mer Adriatique, nous sommes passés par une grotte maritime. Elle se trouve à plus de 30 m au-dessus du niveau actuel de la mer… et pourtant, elle a été creusée par celle-ci ! Aujourd’hui, on nous parle d’une montée du niveau des mers de 1 à 2 m, qui aura des conséquences graves ! Cette grotte témoigne d’une tout autre dimension du temps, le temps long. Temps long ? Temps court ? Quel regard je porte sur le temps dans lequel j’évolue ?
Au fond, je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle :
de l’autre côté du pire, t’attend l’Amour. Il n’y a en vérité rien à craindre.
De quel effondrement parlez-vous ?
J’ai aimé la beauté simple des graminées et des fleurs dans le vent, celle des arbres, spécialement des oliviers et de leur inépuisable force de vie. Dans cette région du Salento, les oliviers ont été décimés par une bactérie, la Xylella, qui empêchait la sève de monter… Incroyable comment un si petit « être » peut ravager des colosses, pour certains, vieux de plusieurs centaines d’années !
Triste et tragique, pour eux et pour toutes ces familles qui, de génération en génération, ont pris soin d’eux et vivaient de leurs fruits… Certains arbres avaient au moins 500 ans, 25 générations de paysans pour qui ils ont été toute leur vie ! Avec le temps, même si leurs grands et beaux corps sont morts, ils repartent, sous forme de rejetons… tout redémarre « à zéro ».
Même si l’homme doit mourir, la vie lui est donnée pour naître, pour naître et renaître.
C’est là l’entier mystère : la coïncidence de l’abîme et de la cime.
C’est la naissance qui lui est promise et non la mort.
Sortir de « l’illusion » de croire que le « visible » est la seule réalité
J’ai parlé à un ami vivant là-bas de notre émerveillement devant la multiplicité, la diversité et la beauté des fleurs. Il m’a dit : « Dans un mois, il n’y aura plus rien. Tout sera sec et jaune ! » À l’échelle de la vie de ces fleurs, cela peut paraître un effondrement, et le temps avant qu’elles renaissent, une éternité ! Tout cela dans le visible ! Pourtant, dans l’invisible, tout est déjà là !
Que vivez-vous, sœurs fleurs, quand le soleil et la chaleur vous dessèchent ?
Quand vous êtes « enfermées », contenues tout entières dans cette petite semence ?
À l’échelle de ma vie, je sais que vous refleurirez de toute votre splendeur, dans un an.
« À l’échelle de »… Sortir du visible serait-il une question d’échelle ?
Je prends conscience combien ce rapport au temps peut changer en profondeur notre rapport au visible, que nous appelons le réel, et à l’invisible, qui nous permet d’entrer dans la réalité !
Je suis déjà gagnante
même si, pour ceux qui ne voient que le visible,
j’allais tout perdre.
Contemplation du ciel… miroir de notre ciel intérieur ?
J’attendais depuis 3 jours de pouvoir sortir le matin, dès mon réveil, sur la terrasse, face au soleil levant. Observer la nature qui se réveille, les fleurs qui s’ouvrent, les papillons, les insectes et les lézards qui arrivent petit à petit et la mer qui brille de mille reflets…
Ce matin, quelle joie ! Après 3 jours où les nuages « empêchaient » le soleil de rayonner, ou plutôt faisaient écran entre son rayonnement et moi, il se fraye un chemin à travers un nuage de poussières qui vient d’Afrique, qui forme comme une brume, un voile léger et blanc, qui diffuse sa lumière partout. IL EST LÀ ! J’aime ce silence, ce grand calme après la tempête d’hier… j’aime sa chaleur qui me caresse… j’aime être là !
J’ai dû observer longtemps avant de pouvoir déterminer dans quel sens avançaient les nuages. Ils étaient très lents. J’ai aussi observé quelques petits nuages flottant au milieu du ciel bleu, changeant de forme… Ils semblent avancer plus vite, puis s’évaporent au-dessus de la mer… Belle image de ce qui se passe quand nous accueillons ce qui est, sans résistance ! MERCI frères et sœurs nuages.
Oser parier sur « l’homme/la femme intérieur·e », sur l’immensité qui nous habite…
Oser l’élan fou, plonger vers l’intérieur de soi comme du haut d’une falaise.
Vision future ? Que faire ? Par où aller ?
À plusieurs reprises, pendant nos balades, nous ne savions plus par où continuait le chemin…. Quand il n’y a plus de terre rouge et qu’elle ne colore plus le chemin à suivre sur les rochers, ils se ressemblent tous, aucune marque de passage… comme parfois dans notre vie ! Que faire ? Par où aller ? Premier réflexe, plusieurs fois salvateur, regarder au loin si on aperçoit des traces de chemin… Et quand on n’en voit pas ? Continuer à marcher dans la direction qui nous semble la plus probable, jusqu’à retrouver le chemin ou revenir sur nos pas et essayer une autre intuition… Nous finissons toujours par le retrouver, avec joie…
Comment trouver le juste équilibre entre lâcher prise et garder un certain tonus.
Nous souffrons de l’interprétation des choses, pas des choses elles-mêmes.
Toute souffrance morale est notre incapacité d’expérimenter les choses comme elles sont,
comme elles viennent à nous.
Avec Ariane, mon épouse, nous cherchons et expérimentons, depuis quelques années déjà, comment « faire du temps un ami ». Pour partager les trésors que nous avons découverts, nous avons créé une session d’été, « TREMPLIN vers une autre dimension du temps« .
Si ce thème vous rejoint, soyez les bienvenu·e·s !
NOTES
- Toutes les citations sont issues de : Christiane Singer, « Derniers fragments d’un long voyage », . ↩︎
PHOTOS : A&B. Thiran et Pixabay
POUR APPROFONDIR
Vous trouverez sur https://www.m-h-d.be/sept-cles-de-la-transition
- Une présentation des 7 clés de la transition et un schéma résumé
- L’accès à tous les articles que j’ai déjà publiés sur le sujet
- La possibilité de télécharger gratuitement un E-book… une mise en bouche !
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